Poesis et ars historica au Moyen-Âge et à la Renaissance, en France et en Italie. Colloque CESR – Tours – 4-5 juin 2026

La SEMEN-L a le plaisir de transmettre cet appel à communication du CESR de Tours.

Argument

Nous nous proposons de mettre en regard la manière dont la poésie et l’histoire affirment leur autonomie respective au Moyen-Âge et à la Renaissance (jusqu’au XVIe siècle inclus), notamment quand elles dialoguent ou s’opposent. Les deux aires concernées sont la France et l’Italie. Après un premier colloque en France, à Tours, les 4 et 5 juin 2026, nous comptons organiser un deuxième colloque à Modène en 2027.

Les propositions de communication entreront pleinement dans le sujet lorsqu’elles se pencheront sur le domaine italien et le domaine français à la fois, ou quand elles articuleront la théorie de la poésie et la théorie de l’histoire. Mais elles peuvent aussi ne porter que sur une seule aire (France ou Italie), et ne concerner que la littérature, ou que l’histoire. Dans ce dernier cas, cependant, il importe que l’aspect théorique soit central : l’étude d’un corpus littéraire doit s’accompagner d’une réflexion sur l’ars poetica (en s’appuyant si possible sur les déclarations explicites des auteurs), tout comme l’analyse d’un corpus historiographique devra s’accompagner d’une réflexion sur l’ars historica.

Les textes en latin ou en grec pourront être étudiés aussi bien que ceux en langue vernaculaire, mais les citations en latin ou en grec devront être traduites. Les communications se feront en français, à l’exception de quelques-unes, qui pourraient se faire en italien. En effet, les communications en italien pourront être réservées au colloque de 2027.

Propositions (modalités)

Les propositions de communications (400 mots maximum), accompagnées d’une brève présentation de l’auteur (300 mots maximum) et d’une liste de publications et de communications (20 références maximum), doivent être envoyées au plus tard le samedi 11 octobre 2025.

Elles seront adressées à :

-Etienne Boillet, université de Poitiers, FoReLLIS (en délégation au CESR) – etienne.boillet at univ-poitiers.fr

-Soizic Escurignan, université de Poitiers, CESCM – soizic.escurignan at univ-poitiers.fr

-Sabrina Ferrara, université de Tours, CESR – sabrina.ferrara at univ-tours.fr

-Elisabetta Menetti, université de Modène – elisabetta.menetti at unimore.it On indiquera :

Langue(s) possible(s) : Langue de préférence :

Comité scientifique

Etienne Boillet, université de Poitiers Soizic Escurignan, université de Poitiers Luca Gatti, université de Pavie

Sabrina Ferrara, université de Tours

Francis Gingras, université de Montréal Elisabetta Menetti, université de Modène

Matteo Residori, université de Paris Sorbonne-Nouvelle.

Pistes de réflexion

Au Bas Moyen-Âge, la poésie doit faire face aux accusations de mensonge que lui ont adressées les Pères de l’Eglise, puis qu’ont relayées les poètes chrétiens de la fin de l’Antiquité ou du Haut Moyen-Âge (Deproost, 1998), et dont témoigne encore l’illustration emblématique du Jardin des Délices d’Herrade de Landsberg (Stella, 2011). Cependant, dans le même temps, les grands poètes classiques – Homère, Virgile, Ovide… – n’ont pas cessé d’être admirés et leur étude, par le biais de la grammaire et de la rhétorique, est restée au cœur de la culture des lettrés (Curtius [1948] ; Deproost, 1998). Se rattachant à cette tradition valorisant la poésie, Dante, Pétrarque et Boccace exaltent les grands écrivains de l’Antiquité tout en incarnant une gloire qui n’est plus réservée aux seuls auteurs antiques, tandis qu’apparaissent des éloges de la poésie (chez Dante, Pétrarque, Albertino da Mussato ou Boccace) reposant, d’une part, sur l’idée de figuration allégorique, et, d’autre part, sur l’image du poète saisi d’une inspiration divine – ainsi, au XVe siècle, le furor est-il exalté dans le néoplatonisme ficiniste (Garin, 1970 ; Mariani Zini, 2014). Mais ne constate-t-on pas un décalage entre cette poétique et le réalisme (ce qu’Auerbach subsume sous le nom de mimesis) d’œuvres comme les nouvelles de Boccace ou comme les fabliaux (Gingras, 2018) ? En outre, est-ce seulement la littérature (la « poésie »), ou bien aussi, plus spécifiquement, la fiction, qui se voit définie (Menetti, 2010) ?

En parallèle de cette légitimation d’une littérature en langue vernaculaire conquérant son autonomie à partir du XIVe siècle surtout, le champ de l’historiographie se définit aussi au contact des autres disciplines, comme le montre Bernard Guenée (1970), en nous invitant à rejeter la vision d’un Moyen-Âge dépourvu de « culture historique ». Sans constituer l’un des arts libéraux, l’histoire, comme la poésie, se fait une place à l’université par le biais de la transmission des auteurs antiques dans les cours de grammaire et de rhétorique. S’adaptant aux exigences morales du christianisme, auquel elle offre un répertoire d’exemples de vertus et de vices, la discipline historique dialogue avec la théologie dès les premiers siècles du Haut Moyen-Âge, par exemple chez Cassiodore au VIe siècle, sous la forme d’une histoire universelle trouvant ses origines dans la Bible et son prolongement dans la prophétie. Evoluant ainsi au contact de la théologie, du droit, de la science politique, l’histoire poursuit son chemin vers l’autonomie. Dans le sillage de Pétrarque, il s’affirme une historiographie humaniste qui entend aussi s’appuyer sur l’exemple antique pour mettre à l’honneur les contemporains : aux XIVe et XVe siècles, le récit de l’histoire récente est porté par la conscience de vivre un nouvel âge digne d’être célébré (Gilli, 2016).

Mais cette nouveauté consacre bien un modèle hérité des Anciens : l’historiographie humaniste, loin d’opérer une révolution épistémologique, est une histoire rhétorique qui se distingue des Annales et qui suit les préceptes de Quintilien et surtout de Cicéron (ou de la Rhétorique à Herennius ; Regoliosi, 1991). Outre sa fonction laudative répondant aux attentes des commanditaires, sa raison d’être est son utilité morale fondée sur les exemples des actions et des discours mémorables, en accord avec les valeurs chrétiennes. Ces éléments nouveaux (la conscience historique humaniste) et traditionnels (le modèle rhétorique d’une histoire opus oratorium et magistra vitae) sont déjà présents dans les écrits historiques de Pétrarque, notamment le De viris illustribus. Comme le remarque Patrick Gilli, dans le discours de son couronnement au Capitole, l’auteur se définit d’ailleurs comme historicus et poeta, ce qui illustre le rapprochement de deux disciplines partageant un rapport semblable à la rhétorique.

Jusqu’à quel point ce rapprochement entre histoire et poésie permet-il une véritable distinction ? Certes, Cicéron, comme plus tard Lucien de Samosate, fait de la vérité le critère distinctif de l’histoire. A l’orée de son dialogue De legibus, on lit ainsi que l’histoire et la poésie n’obéissent pas aux mêmes règles (Manzoni s’en souvient, citant ces mots en exergue de son essai sur le roman historique). Mais dans ce bref échange où l’histoire se définit par sa véridicité, en opposition à la poésie, il est également dit qu’Hérodote et Thucydide ont dit bien des faussetés… On se rappelle aussi qu’à l’inverse, bien des siècles auparavant, au début de la Théogonie, les Muses d’Hésiode disent qu’elles savent non seulement bien mentir mais aussi, parfois, dire la vérité.

Au Bas Moyen Âge, dans la période précédant l’humanisme, cette double appartenance de certains textes au registre poétique et historique est un phénomène que l’on observe dans divers romans versifiés, et notamment dans le groupe composé par le Roman de Thèbes, le Roman de Troie, le Roman d’Énéas et le Roman de Brut, écrits entre 1150 et 1170, dans un milieu lié à la cour d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine. Fondés sur des sources antiques considérées comme historiques, ces récits reconstruisent une généalogie mythique de l’Europe remontant à Œdipe ou aux héros de Troie, notamment à Brutus le Troyen, présenté comme ancêtre des rois d’Angleterre. Combinant tradition et invention, ils anticipent les futures épopées italiennes et françaises du XVIe s. (telle que l’inachevée Franciade de Ronsard), participant d’une forme de roman historique avant la lettre, où fiction, mémoire politique et légitimation dynastique s’entrelacent.

Dans la période où s’affirme l’humanisme, les lettrés héritent de l’idée antique que l’histoire ne dit pas simplement que le vrai, et la poésie que le faux, tandis que perdure cette incertitude sur le statut de certains récits. Par ailleurs, l’étude de l’ars historica humaniste se heurte à une limite : aucun des principaux modèles antiques n’est constitué par un traité organique, et les humanistes non plus n’en ont pas écrit (Regoliosi, 1991), aux XIVe et XVe siècles. On trouve cependant divers textes sur le sujet, tels que la lettre de Guarino de Vérone à son élève Tobia Del Borgo, où Mariangela Regoliosi voit l’influence du De historia conscribenda, traduction latine de l’essai Comment écrire l’histoire du Grec Lucien de Samosate, le seul livre antique entièrement consacré à la méthode de l’historien. La réception de ce texte constitue encore une piste d’étude à explorer. Plus tard, l’Actius de Giovanni Pontano (paru en 1507, quatre ans après la mort de l’auteur) contient des éléments de réflexion sur l’écriture de l’histoire, ou plutôt une véritable poétique du récit historiographique : s’appuyant sur Quintilien (« [Historia e]st enim proxima poetis, et quodam modo carmen solutum »), Pontano compare l’histoire à de la poésie en prose (Monti Saba, 1995 ; Deramaix, 2016). Ceux, parmi les lettrés du Quattrocento, qui tiennent le plus l’histoire en haute estime, soutiennent ainsi sa valeur littéraire, mais aussi sa supériorité gnoséologique, comme le fait Lorenzo Valla (Garin, 1970 ; Gilli, 2016).

Enfin, le XVIe est un siècle de rupture pour le sujet qui nous occupe. Du côté de l’histoire, dans le sillage des écrits historiques de Machiavel et de Guichardin (Fournel et Zancarini, 2012 ; Fournel, 2020), et peu après le Dialogo della historia (1542) de Sperone Speroni, le traité de Francesco Robortello (par ailleurs traducteur de la Poétique), De historica facultate (1548), inaugure une vogue des traités modernes en langue vernaculaire sur l’histoire, en Italie comme en France, aux XVIe et XVIIe siècles (Claire, 2015). Comment se reconfigure alors la place du traité de Lucien par rapport à Cicéron et aux autres sources du discours métahistorique ? Comment la réflexion sur l’historiographie se nourrit des récentes pratiques humanistes de l’histoire ? Et quel dialogue se noue avec les œuvres fictionnelles ?

Mais c’est en matière de poétique que se met en place un véritable changement de paradigme. On sait l’influence majeure qu’a exercée la Poétique d’Aristote sur la manière dont on pense que la fiction, a priori dépréciée par la condamnation platonicienne de la mimesis, est capable d’exprimer une certaine vérité (Schaeffer, 1999 ; Guastini, 2003). Le célèbre incipit du chapitre IX dispose même les éléments permettant de soutenir que la poésie expose une forme supérieure de vérité par rapport à l’histoire. Cependant, cette influence ne s’exerce vraiment qu’après la nouvelle traduction latine de Giorgio Valla 1498, et surtout après les nombreuses traductions et les commentaires qui, se succédant dans l’Italie du XVIe siècle (Duprat, 2007 ; Zanin, 2012), formeront le terreau propice aux réflexions de Torquato Tasso dans ses Discours (Graziani, 1997 ; Girardi, 2023). Comment s’articule la théorie aristotélicienne du poème épique comme représentation vraisemblable avec les éloges précédents de la poésie ? Jusqu’à quel point la supériorité de la vérité poétique, par rapport à la vérité de l’historien, est-elle revendiquée ? Et comment évolue le dialogue entre la théorie de l’histoire et cette nouvelle théorie de la fiction ?

Eléments bibliographiques

BRUNI Raoul (2010), Il divino entusiasmo dei poeti : storia di un topos, Torino, Aragno.

CLAIRE Lucie (2015) « De ratione scribendae historiae : modèles et contre-modèles antiques selon Famiano Strada », in Rhétorique, poétique et stylistique, in Danièle James-Raoul et Anne Bouscharain (dir.), Presses Universitaires de Bordeaux, 2015, p. 119-129.

CURTIUS Ernst Robert (2022 [1948]), Letteratura europea e Medio Evo latino, a cura di Roberto Antonelli, trad. di Anna Luttazzo e Mercurio Candela, Macerata, Quodlibet (édition française : La littérature européenne et le Moyen Age latin, traduit par Jean Bréjoux, préface de Alain Michel, Paris, Presses universitaires de France, 1991).

DEPROOST Paul-Augustin (1998), Ficta et facta. La condamnation du ‘mensonge des poètes’ dans la poésie latine chrétienne, in « Revue d’Etudes Augustiniennes Et Patristiques », vol. 44, n° 1, p. 101-122.

DERAMAIX Marc, « L’unité de la langue latine d’art : la nature poétique de la prose historique dans l’Actius de Pontano », conférence filmée au colloque Consulendae sunt aures. Rhétorique et langue latine d’art à la Renaissance : Pontano, Sannazar et l’académie napolitaine, université de Rouen, 2016, URL : https://webtv.univ-rouen.fr/videos/07-04-16- 084402consulendae-sunt-aures-rhetorique-et-langue-latine-dart-a-la-renaissance-pontano-sannazard-et-lacademie-napolitaine-partie-3/.

DUPRAT Anne (2009), Vraisemblances : Poétiques et théorie de la fiction, du Cinquecento à Jean Chapelain, 1500-1670, Honoré Champion.

FOURNEL Jean-Louis (2020), L’écriture de la catastrophe dans l’Italie en guerre (1494-1559)

: une histoire européenne, « Cahiers de recherches médiévales et humanistes », 2020, n° 38 (2019-2), p. 23-45. URL: https://classiques-garnier.com/cahiers-de-recherches-medievales-et- humanistes-journal-of-medieval-and-humanistic-studies-2019-2-n-38-varia-l-ecriture-de-la- catastrophe-dans-l-italie-en-guerre-1494-1559.html.

FOURNEL Jean-Louis et ZANCARINI Jean-Claude (2012), « Come scrivere la storia delle guerre d’Italia ? », in Claudia Berra, Anna Maria Cabrini (dir.), La Storia d’Italia di Guicciardini e la sua fortuna, Milano, Cisalpino, p.181-219. URL: https://shs.hal.science/halshs-00745788.

GUENÉE Bernard (1980), Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier- Montaigne.

FUBINI Riccardo (2007) L’Umanesimo italiano. Problemi e studi di ieri e di oggi, in « Studi Francesi », n° 153, p. 504-525.

GARIN, Eugenio, L’umanesimo italiano : filosofia e vita civile nel Rinascimento, Roma, Laterza, 1970.

GILLI Patrick (2016), La méthodologie historiographique des humanistes italiens du XVe siècle, in « Cahiers de recherches médiévales et humanistes », n° 31, URL : http://journals.openedition.org/crmh/14039.

GINGRAS Francis (2018), Fabuler et dire vrai : les réalismes et l’histoire des genres narratifs au Moyen Âge, in « Cahiers ReMix », n° 7 : Repenser le réalisme, Claudia Bouliane et Bernabé Wesley (dir.), URL : https://oic.uqam.ca/publications/article/fabuler-et-dire-vrai-les-realismes- et-lhistoire-des-genres-narratifs-au-moyen-age.

GIRARDI, Maria Teresa (2023). « Tasso teorico : i due tempi dei “Discorsi” », In Tasso, a cura di Emilio Russo e Franco Tomasi, Roma, Carocci, p. 99-121.

GUASTINI Daniele (2003), Prima dell’estetica : poetica e filosofia nell’antichità, Roma/Bari, Laterza.

GRAZIANI Françoise (1997), « Introduction » à Le Tasse, Discours de l’art poétique ; Discours du poème héroïque, traduit et commenté par EAD., Paris, Aubier, p. 9-50.

MARIANI ZINI Fosca, La pensée de Ficin : Itinéraires néoplatoniciens, Paris, Vrin, 2014.

MONTI SABA Liliana, Pontano e la storia. Dal De bello Napoletano all’Actius, Roma, Bulzoni, 1995.

REGOLIOSI     Mariangela     (1991),     Riflessioni     umanistiche     sullo     scrivere    storia,     in « Rinascimento », n° 31, p. 3-37.

STELLA Francesco (2010), « Théologie de la poésie entre Scolastique et Humanisme », in Poetry, Bible and Theology from Late Antiquity to the Middle Ages, p. 473-494 (et maintenant : https://www.researchgate.net/publication/355356795_Theologie_de_la_poesie_entre_Scolasti que_et_Humanisme_Le_statut_de_la_poesie_biblique).

SCHAEFFER Jean-Marie (1999), Pourquoi la fiction ?, Paris, Seuil.

ZANIN Enrica (2012), Les commentaires modernes de la Poétique d’Aristote, in « Études littéraires », n° 43(2), p. 55–83, URL : https://doi.org/10.7202/1014725ar.

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Colloque CESR 2026 Poesis

Colloque « Serio ludere », Paris, 12-13 avril

12 > 13 AVRIL 2019
SORBONNE UNIVERSITÉ/ INSTITUT DE FRANCE
COLLOQUE INTERNATIONAL
Serio ludere
D’Alberti à Pontano et d’Érasme à Thomas More


Organisé par Hélène CASANOVA-ROBIN (Sorbonne Université, EA 4081 Rome et ses renaissances), Francesco FURLAN (UMR 8230, Centre Jean Pépin – CNRS, ENS), Pierre LAURENS (Institut
de France), Hartmut WULFRAM (Universität Wien). Avec la collaboration de Laurence BOULEGUE (Univ. de Picardie-Jules Verne, EA 4284 TRAME) et Jean-Baptiste GUILLAUMIN (IUF- Sorbonne
Université, EA 4081 Rome et ses renaissances).

12 avril

MATINÉE – MAISON DE LA RECHERCHE
9h00 Accueil des participants
9h30 I – LA RÉCEPTION DES SOURCES ANTIQUES DU SERIO LVDERE
Sous la présidence d’ Alain Billault
Giovanni Lombardo (Università degli studî, Messina) :
Le σπουδαιογέλοιον et les antécédents antiques du serio ludere
David Marsh (Rutgers – The State University of New Jersey, New Brunswick, N.J.) :
Lucian and the curia: Lapo, Eugenius IV, Alberti, and Manetti
Hartmut Wulfram (Universität Wien) :
The aesthetics of the false. « Paradoxical » encomium and Virgilian allegoresis in
Poggio Bracciolini’s De avaritia
11h45 II – DES COMMENTAIRES A LA RÉÉLABORATION DES FORMES SATIRIQUES
Sous la présidence de Francesco Tateo
Paolo Gattavari (University College, London)
Satira, filologia e verità: Codro Urceo e Leon Battista Alberti
Stefano Grazzini (Università degli studî, Salerno)
L’umorismo giovenaliano nella riflessione dei commentatori del secondo
Quattrocento
13h15 Pause déjeuner


APRÈS-MIDI – ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES (INSTITUT DE FRANCE)


15h30 Séance publique de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres sous la présidence
de M. Jean-Noël Robert, Président de l’Académie
III – LA LEÇON DU PARADOXE
Pierre Laurens (Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris)
D’Alberti à Érasme : La figure du mendiant roi
Hélène Casanova-Robin (Sorbonne Université, Paris), sous le patronage de Pierre
Laurens
La déraison du sage, dans l’Asinus de Pontano


SAMEDI 13 AVRIL 2019
Matinée : Maison de la Recherche | 28, rue Serpente 75006 Paris | Salle D 323
Après-midi : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Institut de France) :
>
23, quai Conti 75006 | Grande salle des séances
10h00 IV – L’ART DU RIRE ET LA PHILOSOPHIE
Sous la présidence de Laurence Boulegue
Francesco Tateo (Università degli studî, Bari) :
Arte della dissimulazione e dissimulazione dell’arte
Florence Vuilleumier (Université de Brest) :
Fabulari paulisper lubet, sed ex re: Le jeu de Politien dans la Lamia ou la philosophie
pour les nuls
11h45 V – OXYMORES ET POLÉMIQUES
Monica Centanni (Istituto Universitario d’Architettura di Venezia) :
Con il corpo e con l’anima: La sintassi ossimorica dell’impresa rinascimentale
Francesco Furlan (Centre « Jean Pépin », CNRS. & ENS, Paris) :
Ruses et troubles de l’exégèse, ou Des errances de l’histoire.
Le Momus, ses éditions (1520) et sa circulation, entre mésintelligences et paradoxes
13h00 Pause déjeuner
14h30 VI – RIRE ET SAGESSE, D’ÉRASME A THOMAS MORE
Sous la présidence d’Yves Hersant
Gilbert Tournoy (K.U., Leuven) :
Entre Érasme et Thomas More : Juan Luis Vives dans le sillage de Lucien
Lorenzo Geri (Università degli studî «La Sapienza», Roma) :
La lezione di Luciano contro gli scolastici
Serio ludere e polemica religiosa negli umanisti germanici (1511-1520)
15h45 Pause
16h15 VI – RIRE ET SAGESSE, D’ÉRASME A THOMAS MORE
Sous la présidence de David Marsh
Katharina Schön (Wien Universität) :
Prosecuturus eram longius hoc dulcissimum somnium
Lucianic esprit and Menippean satire in Thomas More’s utopian dreams
Yves Hersant (EHESS. & CNRS, Paris) :
L’Utopia de Thomas More : Un jeu sérieux ?
17h45 Clôture du colloque

Faculté des Lettres

Sorbonne Université
1, rue Victor Cousin
75230 Paris cedex 05
Tél. 33 (0) 1 40 46 22 11
www.lettres.sorbonne-universite.fr

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Alberti, Propos de table–Intercenales, édition critique de R. Cardini, traduction du latin au français de C. Laurens, introduction et commentaire de R. Cardini (traduits de l’italien par F. La Brasca), Paris, Les Belles Lettres (coll. « Les Classiques de l’Humanisme »), 2018. (Laurence Boulègue)

Alberti, Propos de table–Intercenales, édition critique de R. Cardini, traduction du latin au français de C. Laurens, introduction et commentaire de R. Cardini (traduits de l’italien par F. La Brasca), Paris, Les Belles Lettres (coll. « Les Classiques de l’Humanisme »), 2018. 2 volumes (624 p. et 515 p.), 75 euros.

La collection des « Classiques de l’Humanisme » comble une lacune dans le champ des études sur l’humanisme en rendant accessible, tant pour le lecteur curieux que lettré ou spécialiste, un texte fondamental : le public français a enfin la possibilité de disposer du texte des Intercenales d’Alberti, ces « petites pièces à lire entre convives », inspirées des Propos de Table de Plutarque, qui cultivent l’esthétique et l’esprit du serio ludere hérité de Lucien. L’édition de Roberto Cardini, grand spécialiste d’Alberti, et ses annotations sur le texte sont accompagnées de la précieuse traduction française de Claude Laurens, ce qui fait du premier tome non seulement un livre complet pour qui veut découvrir les Intercenales mais aussi un outil de travail pour les spécialistes, complété par le second tome qui rassemble les notes philologiques et d’élucidation du texte, des commentaires et des recherches précises des multiples sources et références que le travail inlassable de Cardini éclaire avec précision tout en révélant le traitement particulier qu’en fait l’humaniste florentin.

Composés d’une succession de petites pièces sur des sujets variés, les Intercenales traitent de l’orphelin, de la veuve, de la Vertu, du destin ou de la fortune, de la parcimonie et de la pauvreté, ou encore des pierres, du hibou, du loup, des nuages, mais aussi du sens caché à soumettre au « dévoilement ». Alberti explique dans la préface que ces propos sont destinés à « être lus aisément dans les festins, entre deux libations », badinage léger qui vise néanmoins à soulager l’âme de ses peines. Ces propos humoristiques et brillants sont aussi des propos sérieux, la pensée albertienne trouvant là un mode d’expression littéraire, entre les traditions du dialogue et du banquet, dans l’interstice de l’oral et de l’écrit, de la parole sociale et de la réflexion plus profonde.

Ces deux volumes réunis en un coffret élégant sont appelés vont assurément susciter de nouvelles études sur l’œuvre d’un des plus grands humanistes italiens de son temps, au croisement des disciplines philologiques, littéraire, historique ou encore philosophique. Œuvre majeure du Quattrocento italien, les Intercenales, qui témoignent de la culture d’Alberti, de l’originalité de sa pensée et de son écriture, sont un ouvrage indispensable à toute bibliothèque humaniste.

Laurence Boulègue

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°16 (2018) de la SEMEN-L (p. 42-43).