Le dialogue de l’Antiquité à l’âge humaniste, péripéties d’un genre dramatique et philosophique, sous la direction d’Alice Bonandini, Laurence Boulègue et Giorgio Ieranò, Classiques Garnier, Paris, 2023

Le dialogue de l’Antiquité à l’âge humaniste, péripéties d’un genre dramatique et philosophique, sous la direction d’Alice Bonandini, Laurence Boulègue et Giorgio Ieranò, Classiques Garnier, Paris, 2023, n° 565, 508 p. ; broché, ISBN 978-2-406-14338-3 ; 54 €.

Cet ouvrage collectif propose d’étudier les péripéties du genre dialogique, entre théâtre et philosophie, en trois volets consacrés à son écriture dans l’Antiquité grecque et romaine et à ses mutations au Moyen Âge et à l’âge humaniste. C’est aux XVe et XVIe siècles que le dialogue est constitué en tant que genre autonome, à la fois distinct du théâtre et de la philosophie traditionnelle universitaire, tout en conservant les particularités et ambivalences de sa double genèse depuis l’Antiquité grecque. Issu de deux colloques internationaux organisés à l’université de Picardie – Jules-Verne et à l’université de Trente, le présent ouvrage propose d’étudier les péripéties du dialogue de l’Antiquité à la Renaissance, où s’élabore tardivement chez les humanistes la réflexion théorique sur ce genre hybride, dramatique et philosophique.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°21 (2023) de la SEMEN-L (p. 44).

Matilde Icardi, Voci di donne umaniste, Dialoghi di Laura Cereta e Olimpia Fulvia Morata, Edizioni dell’Orso, coll. Ciceronianus, Scrittori latini per l’Europa, Alessandria, 2022

Matilde Icardi, Voci di donne umaniste, Dialoghi di Laura Cereta e Olimpia Fulvia Morata, Edizioni dell’Orso, coll. Ciceronianus, Scrittori latini per l’Europa, Alessandria, 2022. ISBN : 978-88-3613-319- 2 ; 20 €.

Cette nouvelle traduction – la première en Italie – d’un choix de dialogues de Laura Cereta (1469-1499) et Olimpia Morata (1526-1555) nous permet de comprendre comment se répondent les œuvres de deux humanistes éloignées à bien des égards, mais unies par leur passion pour l’étude des classiques et leur revendication de la citoyenneté à part entière, pour les femmes, au sein de la République des Lettres.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°21 (2023) de la SEMEN-L (p. 44).

Thèses en cours – 2022-2023

Cette liste des thèses en cours en médio-latin et néo-latin est extraite du Bulletin de liaison n°20 paru en décembre 2022 ; elle est complétée, lorsque c’est possible, par le résumé de la thèse tel qu’indiqué sur theses.fr.

École nationale des chartes

Cointet, Hildemar deLonge a peccatoribus salus : Riccoldo da Monte Croce – lire le Coran et écrire sur l’erreur religieuse en Orient au début du XIVe s. », dir. Fr. Ploton-Nicollet (thèse d’École des chartes)

Guignard, Nicolas, La pensée politique d’Hélinand de Froidmont au travers du Cronicon, co-dir. Fr. Ploton- Nicollet et P. Arabeyre.

Le but de cette thèse est de montrer et d’analyser la portée politique, juridique et littéraire de l’œuvre du cistercien Hélinand de Froidmont (1160-1230 ca.). Ce travail inclura l’édition critique, traduite et commentée, du De bono regimine principis, traité en forme de miroir du prince qui constitue le long chapitre 38 du livre XI de la Chronique universelle. Ce traité nous est parvenu au travers d’un tout petit nombre de manuscrits et a été notamment compilé par le dominicain Vincent de Beauvais. Afin de réaliser l’édition scientifique De bono regimine principis, les différentes sources de ce texte devront faire l’objet d’un examen systématique. Les différents emprunts à la tradition biblique et à la littérature latine qui sont convoqués dans le traité d’Hélinand de Froidmont seront également analysés. Il sera montré en quoi ces outils rhétoriques participent à façonner un véritable portrait du roi et à donner du pouvoir royal un visage idéal. Enfin, les différentes formes du pouvoir princier seront approchées par le prisme du genre littéraire qu’est le miroir des princes.

Lemaître, Gwendoline : Paganisme et christianisme dans la première tradition hagiographique irlandaise, dir. Fr. Ploton-Nicollet (thèse d’École des chartes)

Mottais, FrançoisL’héritage de Stace dans la poésie latine tardive : permanences et innovations (IVe-VIe s. apr. J.-C.), co-dir. Fr. Ploton-Nicollet et É. Wolff

Étude de la réception de l’ensemble de l’œuvre de Stace (Silves, Achilléide, Thébaïde) par les poètes de la latinité tardive, sur une période s’étendant du IVe au VIe siècle ap. Jésus-Christ.

Székely-Calma, IuliaLe succès médiéval d’un pseudo-Aristote. Édition et étude de la diffusion du Liber de causis (XIIIe-XVIe siècles), co-dir. Fr. Ploton-Nicollet et D. Poirel (EPHE).

Le présent doctorat se propose de réaliser une nouvelle édition latine du Liber de causis et d’étudier sa diffusion durant la période médiévale à partir de tous les témoins manuscrits connus. En dépit des diverses attributions dont il a fait l’objet au Moyen Âge, l’origine du Liber remonte à l’école grecque néoplatonicienne en passant ensuite par le monde arabe islamique. Inspiré par l’Elementatio theologica de Proclus (412-485), un texte écrit sous forme de 211 propositions axiomatiques portant sur les premiers principes de l’univers, il fut abrégé et retravaillé à Bagdad, vers le milieu du IXe siècle, dans l’entourage du philosophe Al-Kindi. Le Liber de causis fut souvent attribué à Aristote et considéré comme le complément de sa Métaphysique ; de ce fait, les deux traités furent introduits dans le curriculum de la faculté des arts de Paris, afin d’être lus et enseignés ensemble, puis interdits à plusieurs reprises à l’occasion des censures successives visant l’enseignement de certains textes d’Aristote en 1210, 1215 et 1231. L’opuscule fut commenté tout au long du XIIIe siècle par des théologiens et maîtres ès arts de grande renommée comme Roger Bacon, Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Gilles de Rome, Pierre d’Auvergne, Siger de Brabant etc., mais la tradition des commentaires continua de se déployer aussi dans les XIVe et XVe siècles. Cette réception tardive est moins connue et, bien qu’elle continuât d’exister en Occident, elle commença à se déplacer vers l’Europe centrale, au sein des nouvelles universités fondées dans le Saint-Empire romain germanique. Le nombre des manuscrits qui transmettent le texte latin du De causis dépasse actuellement 260 et l’on dénombre également 91 commentaires (38 commentaires continus, 37 ensembles de gloses, 16 questions quodlibétiques). Pour l’édition latine, nous nous proposons de consulter l’ensemble des manuscrits comprenant le texte et les commentaires où ont été transcrites des portions plus amples de l’opuscule. Par cet examen poussé des témoins, nous donnerons une édition plus complète (l’ancienne édition s’est appuyée sur la collation de dix manuscrits seulement, ici et là complétée par la consultation ponctuelle de 80 manuscrits : A. Pattin, ‘Le Liber de causis. Édition établie à l’aide de 90 manuscrits avec introduction et notes’, Tijdschrift Voor Filosofie 28 (1966), p. 90-203) et chercherons à retracer la diffusion de l’ensemble de ce corpus en Europe occidentale aussi bien que centrale et, en conséquence, à réévaluer l’impact de ce traité pseudo-aristotélicien au Moyen Âge.

Zajac, Clément, Édition, traduction et commentaire de la Lyrica poesis praeceptionibus et exemplis illustrata de Jacob Masen (1654), dir. Fr. Ploton-Nicollet.

Il s’agira dans un premier temps d’établir une version numérique du texte sous la forme d’une édition critique, qui prendra en compte, en apparat, la collation des trois éditions parues du vivant de l’auteur ou juste après sa mort. Ce travail préliminaire permettra d’aboutir à un texte qui puisse faire référence, facile à lire comme à manipuler, y compris dans sa version numérique qui pourrait trouver une place légitime dans une base de données de textes néo-latins. Dans un second temps, et toujours en s’inscrivant dans cette perspective d’accessibilité du document, une grande partie du travail sera consacrée à la traduction de celui-ci en français. Il conviendra ensuite d’expliciter le texte en le munissant d’un appareil d’annotations comportant les nécessaires élucidations, les renvois internes au corpus, la confrontation des odes au propos théorique de leur auteur, enfin, un relevé systématique des allusions et loci similes replaçant l’œuvre dans son contexte culturel, recherche qui s’appuiera sur les bases de données textuelles disponibles. En dernier lieu, une introduction, sous forme dissertative, cherchera à cerner l’esthétique de Masen, en lien notamment avec les caractéristiques que prend le mouvement baroque dans les arts figurés, auxquels l’auteur fait de nombreuses allusions.

École Pratique des Hautes Études (EPHE)

Delplanque, FabriceÉdition, traduction et commentaire du Livre V du De poeta d’Antonio Sebastiano Minturno (1559), dir. V. Leroux.

La traduction et l’édition du cinquième livre de la poétique néo-latine de l’humaniste Antonio Sebastiano Minturno, consacré à la poésie lyrique, permettra de comprendre la façon dont s’est constitutée à la Renaissance une théorie de la poésie lyrique reposant sur les concepts aristotéliciens qui fonderont notre modernité, et comment s’est établi un genre, reconnu et légitimé, qui jouera un rôle décisif dans l’essor des littératures nationales en Europe.

Dietrich, MarcUn dialogue humaniste satirique : le Grunnius Sophista d’Othmar Luscinius  (1522). Édition, traduction et commentaire, dir. V. Leroux avec D. Brancher, Université de Bâle.

Publié en décembre 1522 à Strasbourg par l’humaniste Othmar Luscinius (v. 1480-1537), le « Grunnius Sophista » est un dialogue néo-latin animé, nourri de références antiques, aux prises avec des questions variées, d’ordre culturel, littéraire, philosophique ou religieux. Né de la rencontre incongrue entre Misobarbarus, défenseur des lettres et de la culture, et Grunnius, un sophiste transformé en cochon qui pourfend l’érudition, ce dialogue se présente comme une satire de la « barbarie » des ignorants qui entendent « déchiqueter » les savants. Reflet des préoccupations humanistes de son temps, cet opus original semble avoir reçu un accueil favorable dans l’Europe humaniste du XVIe siècle. Or, malgré l’intérêt indéniable que présente cette œuvre, ni édition critique ni traduction française n’en ont été réalisées à ce jour. Nous nous proposons donc de combler cette lacune, en accompagnant notre édition d’un commentaire détaillé. Dans un premier temps, il s’agira d’évaluer l’originalité de l’œuvre au sein du genre du dialogue, fondateur des pratiques humanistes : la singularité du « Grunnius » devrait apparaître grâce à une étude intertextuelle de ce que Luscinius doit à Lucien, l’un de ses modèles favoris, et à Érasme, son brillant contemporain. Dans un deuxième temps, il nous faudra mettre au jour les cibles implicites de ce dialogue satirique : nous tâcherons ainsi de le situer dans le contexte social et culturel de l’humanisme européen, en général, et strasbourgeois, en particulier. En outre, nous mettrons en évidence les stratégies de promotion de la langue et de la littérature grecques que met en œuvre Luscinius. Enfin, nous interrogerons le choix de la figure du cochon comme incarnation de l’ignorance : loin d’être anodine, celle-ci revêt en effet, depuis l’Antiquité, des connotations ambivalentes dont nous devrons comprendre les implications dans l’œuvre.

Dubarry, Stéphanie, Les figures de l’inspiration dans le De Deis gentium…historia de Lilio Gregorio Giraldi (1548), dir. V. Leroux.

Lilio Gregorio Giraldi (1479-1552) est un humaniste ferrarais, réputé pour son érudition. L’étude de sa première œuvre, le Syntagma de Musis, a permis de mettre en évidence des spécificités de l’écriture de Giraldi à partir d’un sujet peu présent chez les autres mythographes. Nous entendons donc élargir le corpus afin de déterminer si, dans le cas de dieux qui ont été plus massivement traités, Giraldi apporte de nouveau une voix originale. Notre thèse portera donc sur les chapitres 7 (De Apolline, Aesculapio, Musis, Aurora) et 8 (De Baccho, Priapo, aliis) du De Deis gentium, publié en 1548, dont nous proposerons une traduction annotée et un commentaire. Il s’agira de confronter le texte déjà étudié, Syntagma de Musis, avec sa version du De Deis gentium, dans le chapitre 7 de comprendre son travail sur les sources. L’identification des sources utilisées par l’humaniste ferrarais sera, en effet, éclairante sur sa manière de travailler, mais aussi sur la circulation des œuvres à la Renaissance.

Fichant, OmbelineZoologie et exégèse c. 1200 : étude et édition critique de l’Opusculum de naturis animalium excerptum de dictis sanctorum et plurimum magistrorum, entre bestiaire moralisé et encyclopédie zoologique », contrat de thèse EPHE, dir. I. Draelants (IRHT).

Le manuscrit II 1143 (début du 13e s.), conservé à la Bibliothèque Royale Albert 1er à Bruxelles, contient un texte singulier, resté inexploré jusqu’ici : l »Opusculum de naturis animalium excerptum de dictis sanctorum et plurimum magistrorum’. Peut-être rédigée au début du XIIIe siècle dans le diocèse de Liège, cette œuvre inédite propose une série de notices consacrées aux animaux, où se trouvent mêlées connaissances zoologiques et médicales, commentaires exégétiques, anecdotes, extraits de fables ou de récits antiques et considérations morales ; elle se place ainsi à la croisée des genres médiévaux des bestiaires, des encyclopédies et des recueils de distinctions. Ce texte original, dont l’auteur et le milieu de rédaction restent à découvrir, mérite d’être étudié en rapport avec les œuvres qui l’ont inspiré, pour mettre en lumière les liens entre progrès de la zoologie et exégèse, l’évolution des genres narratifs au Moyen Âge, l’organisation et la transmission des savoirs à l’époque de sa rédaction. Une étude historique détaillée et une édition critique provisoire, objets de ce travail de thèse, devraient permettre de comprendre la nature de cet ‘Opusculum’ original et d’en reconstituer le contenu, les sources d’inspiration (‘auctoritates’), la portée et le contexte de composition.

Franzoni, Silverio« Ricerche sul Florilegium Gallicum (verso un’edizione critica) », doctorat et contrat doctoral de la Scuola normale Superiore di Pisa, sous la direction de Giulia Ammannati, en co-dir. avec A.- M. Turcan-Verkerk.

Mon projet de recherche porte sur le « Florilegium Gallicum », une anthologie de classiques latins (en poésie et en prose) qui compte sans doute parmi les florilèges médiévaux les plus riches et variés. Malgré l’intérêt qu’il a su attirer, aucune étude complète lui a été consacrée: des problèmes fondamentaux restent ainsi toujours sans solutions, tels que le lieu ou l’époque d’origine, les ressources qui en ont permis la compilation, la physionomie de l’auteur anonyme et ses motivations. À ces questions, d’ailleurs, on ne peut pas répondre sans une base textuelle fiable et, surtout, complète; et elle devra se fonder sur un nouvel examen de la diffusion du florilège et de ses transformations. À tout cela mon projet voudrait donner une solution: c’est pourquoi, l’étude des origines et des motivations du florilège va avancer de pair avec la préparation d’une édition critique finalement complète.

Gibert, Theo, Le théâtre de Pierre Corneille et la culture jésuite, co-direction V. Leroux (EPHE) et O. Leplâtre, dans le cadre de l’École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon).

Harter, Marie-OdileLes amours de Cupidon au 16eme siècle de N. Brizard à F. Habert d’Issoudun, dir. V. Leroux.

L’origine de ce projet de thèse réside dans la découverte et l’envie de traduire l’œuvre poétique d’un auteur ardennais du XVIème siècle, Nicolas Brizard,écrite en néo-latin et intitulée « Metamorphoses Amoris quibus adjectae sunt elegiae amatoriae: omnia ad imitationem Ovidii (quoad licuit) conscripta et elaborata ». Cet auteur, certes, s’inspire du principe de la métamorphose longuement développée par Ovide et puise dans son modèle de nombreuses allusions mythologiques.Mais il s’en éloigne beaucoup en choisissant comme protagoniste Cupidon, le dieu de l’amour, qui prend de nombreuses apparences surprenantes pour se mêler aux amours des mortels dont il fait le récit. En cela, Nicolas Brizard se rapproche donc davantage des œuvres érotiques de son maître,s’inscrivant ainsi dans le renouveau de la poésie élégiaque à la Renaissance et dans une nouvelle réception d’Ovide. Cette « mode » littéraire explique sans doute l’intérêt d’un autre poète français de la même époque, François Habert d’Issoudun, pour l’œuvre de Nicolas Brizard et la réécriture partielle qu’il en fit en moyen français sous le titre: »Les Métamorfoses de Cupido, fils de la Déesse Cythérée, qui se mua en diverses formes, contenues en la page suivante.Il nous semble donc intéressant de confronter ces deux textes.

Lonati, ÉlisaÉdition, étude des sources et de la réception du Chronicon d’Hélinand de Froidmont », doctorat et contrat doctoral de l’EPHE, dir. A.-M. Turcan-Verkerk, en co-dir. avec G. Ammannati, Scuola Normale Superiore di Pisa.

Le sujet de ma thèse est le Chronicon du cistercien Hélinand de Froidmont (1160-1230 ca.), une chronique universelle qui parcourt en 49 livres toute l’histoire hébraïque, grecque et latine de la Création jusqu’à l’année 1204, en s’appuyant sur des dizaines de sources classiques et médiévales et en complétant l’exposition des faits avec des digressions littéraires, scientifiques et exégétiques. Cette oeuvre a rencontré au fil des siècles un succès inégal : elle a disparu en partie déjà du vivant de l’auteur ou peu après, alors que la moitié qui en survit n’est attestée que par trois témoins directs et quelques-uns indirects, dont le plus important est le Speculum Maius, l’encyclopédie compilée par le dominicain Vincent de Beauvais entre 1240 et 1260. Mon projet vise à une étude globale de cet ouvrage encore presque complètement inconnu. Les étapes fondamentales seront : 1) éditer pour la première fois d’une façon scientifique le texte de certains des livres survécus et clarifier les rapports entre leurs témoins directs et indirects ; 2) analyser les sources utilisées par Hélinand tant du point de vue de leur transmission que de la façon dont elles ont été réemployées par le Chronicon ; 3) nourrir avec ces enquêtes ponctuelles une étude de l’architecture intellectuelle qui soutient l’ouvrage entier ; 4) définir la contribution du Chronicon aux différentes sections du Speculum Maius et évaluer quelles sources ont été connues par Vincent seulement à travers l’ouvrage d’Hélinand. Les résultats de cette recherche sont susceptibles d’être diffusés par des articles, une édition critique, une monographie et une édition électronique en TEI, qui permettrait de reconstruire autour de notre ouvrage la constellation de ses sources et de ses réutilisateurs, en rendant de cette façon concrètement visible la complexité des relations qui ont permi la naissance du Chronicon.

Nitti, Valeria GiovannaEdizione della Summa Cognito e analisi dei rapporti tra ars dictaminis francese e italiana nella metà del secolo XII, doctorat et contrat doctoral de l’Università degli Studi di Siena, dir. F. Stella, en co-dir. avec A.-M. Turcan-Verkerk.

À la fin du XI siècle on développe en Italie une nouvelle discipline connue comme ars dictaminis qui a pour sujet la rédaction d’une composition écrite, en particulier des lettres. Elle connait ses origines dans l’abbaye de Montcassin et se perfectionne grâce aux contributions des premières grands dictatores du Studium de Bologne. À partir de la moitié du XII siècle, elle va se propager dans toute Europe grâce aux manuels, les artes dictandi, écrits par les maitres italiens les plus célèbres. Ce projet de recherche porte sur l’édition critique de la Summa Cognito, un texte fondamental pour pouvoir reconstruire l’histoire de l’introduction de l’ars dictaminis en France. A’ travers la comparaison de la Summa Cognito avec les autres premières artes dictandi française, on essayera de comprendre la nature du dictamen français, le rapport entre le dictamen italien et celui nè au-delà des Alpes et la circulation de artes dictandi dans la région ligerienne, éblouissant centre culturel au XIIs.

Rizo, Tomy, La place de l’Antiquité dans les institutions européennes (diplôme de l’EPHE), dir. V. Leroux.

Tripodi, GiandomenicoLe commentaire de Benvenuto da Imola aux Géorgiques et la tradition exégétique médiévale du poème virgiliendoctorat et contrat doctoral de l’Università degli Studi di Siena, dir. F. Stella, Université de Sienne, en co-direction avec V. Leroux.

Le commentaire de Benvenuto da Imola aux Géorgiques constitue la plus ample exégèse au poème virgilien que le Moyen Âge connaisse. Écrit en 1378, le commentaire rassemble les caractéristiques d’une exégèse encore médiévale, mais contaminée par une sensibilité et par des éléments caractéristiques de la future critique humaniste. Il se trouve dans dix manuscrits, tous du XVeme siècle, sous la forme de trois différentes recollectiones, notes tirées d’un cours tenu à Ferrare en 1378. La recollectio «A» apparaît comme la meilleure, par l’exhaustivité et la cohérence (Cremona, Biblioteca Statale, Fondo Governativo 109; London, British Library, Additional 10095; Modena, Biblioteca Estense Universitaria, Campori Appendice 263); la recollectio «B», bien que de bonne qualité et bien qu’elle présente quelques différences et ajouts par rapport à «A», semble moins complète surtout dans les deux derniers livres (Oxford, Bodleian Library, Lat. class. C. 9; Firenze, Museo Horne, 2924; Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ott. Lat. 1262); la recollectio «C» montre plusieurs omissions, lacunes et problèmes textuels (Assisi, Biblioteca francescana, Fondo antico 302; Basel, Öffentliche Bibliothek der Universität, F V 49); deux manuscrits restent à évaluer (Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Chigi H VIII 267; Sevilla, Biblioteca Capitular y Colombina, 05-7-03). La présente thèse proposera l’édition critique du commentaire sur la base de tous les manuscrits, surtout ceux de la recollectio «A» et présentera en annexe les plus intéressantes gloses des deux autres recollectiones. Le projet a un double objectif. En premier lieu (1), sur le plan diachronique, il veut fournir les lignes générales de l’exégèse sur les Géorgiques au Moyen Âge, avec une attention à la fin du Moyen Âge (XIIeme-XIVeme siècles). Il analysera notamment le commentaire d’Ilario d’Orléans (France: XIIeme-XIIIeme siècles) et de Zono de Magnalis (Florence: XIVeme siècle) pour étudier une exégèse inconnue, en mettant en évidence les traits communs, les divergences et les sources utilisées. Deuxièmement (2), sur le plan synchronique, il propose une réévaluation de la figure de Benvenuto da Imola, homme de culture entre Moyen Âge et Humanisme, ami et interlocuteur de Giovanni Boccaccio et de Coluccio Salutati, grande autorité, commentateur des classiques latins, de la Commedia de Dante et du Bucolicum Carmen de Pétrarque. Il s’agira, en particulier, de retrouver dans ses œuvres exégétiques (commentaires à Valerius Maximus, à Lucain, à Virgile, à Pétrarque et à Dante) des matériaux glossographiques communs et d’étudier la dynamique d’utilisation des sources.

Université Bordeaux Montaigne

Bey, Carine, La naissance de la sorcière dans la littérature du Moyen Âge (XIIe-XVe siècles), dir. Danièle James-Raoul.

Gall, MarieÂmeimagination et nouveaux systèmes cosmo-biologiques dans les fictions scientifiques du XVIIe siècle, dir. Violaine Giacomotto-Charra.

Un ensemble de textes sur la pluralité des mondes et les voyages cosmiques voit le jour au XVIIe. A la frontière de plusieurs discours, ils sont considérés aujourd’hui comme autant littéraires que scientifiques, puisqu’ils exposent de nouveaux systèmes cosmo-biologiques par le biais de la fiction. Cette thèse propose de les mettre en regard avec les textes théoriques sur l’âme et l’imagination, afin de saisir le rôle décisif de la fiction dans les transformations des théories cosmo-biologiques à la charnière du XVIe et du XVIIe siècle. De nombreux systèmes et théories pour expliquer le monde co-existent en effet à cette période : différentes hypothèses sont émises sur la nature de la matière des cieux, la conception de l’univers, son caractère fini ou infini, la possibilité qu’il soit vivant et l’existence d’une potentielle âme du monde. Ces hypothèses s’accompagnent par ailleurs d’un renouvellement des théories des sensations, de la vue, de l’intellect et de l’imagination, qui convoquent toutes l’âme humaine. Or l’imagination, faculté de l’âme essentielle aux processus intellectuels, permet de créer de nouvelles images et peut représenter le premier ressort de l’hypothèse scientifique, jouant un rôle crucial quand il s’agit d’imaginer le monde autrement. Les théories de l’âme semblent alors constituer le nœud théorique où se rejoignent ces transformations, au carrefour de la construction de nouvelles hypothèses sur le cosmos, la nature humaine, et les théories de la connaissance. Il s’agira de comprendre comment des remises en question du système cosmologique, physique, médical et physiologique créent un contexte favorable à la multiplication d’hypothèses scientifiques fondées sur l’imagination, en analysant la façon dont les auteurs de fictions scientifiques mobilisent l’imagination dans le discours de la connaissance et donnent à voir, par la fiction, de nouveaux systèmes cosmo-biologiques, au sein desquels les notions d’âme et d’esprit(s) jouent un rôle crucial.

Labarrière, RaphaëlleStyle de genre, styles d’auteurs : le fabliau en question(s), dir. Danièle James-Raoul.

Maudoux, JulienLa vieille femme dans la littérature du Moyen Âge, co-dir. Danièle James-Raoul et Géraldine Puccini. Thèse soutenue le 4 mars 2022.

Au Moyen Âge, les vieilles femmes concentrent plusieurs formes de marginalité et des caractéristiques sociales et existentielles problématiques. Ce travail propose d’étudier les représentations littéraires qui en sont faites en Occident en utilisant un corpus large constitué d’œuvres vernaculaires et latines, littéraires mais aussi médicales et religieuses, de l’Antiquité jusqu’au début de la Renaissance. La production majoritairement masculine est marquée par une certaine misogynie dans le contexte de discours religieux, savants et populaires qui, généralement négatifs envers la vieillesse au féminin, l’utilisent préférentiellement pour aborder la laideur, la déchéance et la monstruosité esthétiques et morales. Cependant, les personnages de vieilles femmes sont rares et leurs emplois ne se limitent ni à un unique rôle stéréotypé d’adversaire dévalorisé, ni au type monolithique de l’entremetteuse ou de la sorcière. Tantôt épisodique, tantôt obsédante ; insignifiante ici, là chargée de significations symboliques complexes et parfois ambivalentes ; tour à tour pure utilité narrative et personnage au sens plein du terme, la vetula interroge les normes médiévales, entre conformisme moral, transgression sexuelle, subversion idéologique et menace de l’ordre masculin. Mais il s’agit aussi d’une figure proprement littéraire, située au croisement stratégique d’enjeux stylistiques, rhétoriques et de querelles de clercs à la portée considérable, tant à propos des pratiques d’écriture qu’en ce qui concerne la question de la misogynie. Profondément orienté dès le plan lexical, cet imaginaire a été analysé sous l’aspect thématique, qui a permis de singulariser les problèmes posés par le corps féminin sénile et la question du contrôle des dames de grand âge soupçonnées de déviance, mais aussi sous l’angle des rôles actantiels et symboliques. Cet examen permet de constater que la vieille femme est ambivalente, à la fois périphérique et étonnamment incontournable, malgré le silence et sa relégation dans les marges, dès lors qu’on s’attache à comprendre les ressorts des discours sur les femmes au Moyen Âge et à sonder l’histoire littéraire, qui a réservé à la figure une place inattendue dans la fabrique des textes.

Mourgues, Priscilla, La poétique du cheminement dans le Livre des Merveilles du monde, dir. Danièle James-Raoul. Thèse soutenue le 2 décembre 2022.

Université de Bourgogne-Franche Comté

Ghiringhelli, ElenaLe 7e livre des Fastes d’Ovide, dans la continuation de Claude-Barthélemy Morisot, co-dir. Sylvie Laigneau-Fontaine et Valérie Wampfler (U. Reims). Contrat doctoral Région.

Dans le cadre de l’essor important que connaît en France, depuis quelques dizaines d’années, l’étude des littératures latine et grecque de la Renaissance, même si un mouvement d’édition de poètes plus « mineurs » a vu le jour, certains restent encore dans l’ombre. Or, l’œuvre de ceux qui ne sont pas parvenus à un renom national, qui n’ont pas fréquenté la Cour et les Grands de leur époque, se révèle d’un grand intérêt, en particulier pour l’histoire des sociétés et des mentalités : elle permet de se faire une idée de ce que pouvait être, dans un milieu donné, les goûts, les lectures, les connaissances, la formation, la culture… de tous ces « intellectuels de province », parfois décriés, mais en raison, le plus souvent, de la méconnaissance que l’on a d’eux. Il se trouve que la Bourgogne – entendue au sens historique large – est un terrain particulièrement fertile pour des recherches de cet ordre. La ville de Dijon, pour ne parler que d’elle, connaît en effet une activité éditoriale en latin et grec très forte durant les XVIe et XVIIe siècles. Les causes en sont multiples : nombreuses institutions religieuses dans la ville, forte présence de parlementaires (ou d’aristocratie « tombée dans la robe »), goût des élites pour le passage d’une langue à l’autre, présence de nombreux vestiges et « lieux de mémoire » antiques sur le territoire… Dans le cadre d’une valorisation patrimoniale, il est donc utile de permettre au public de mieux connaître ces auteurs, leurs œuvres, leurs idées, bref, leur personne. Parmi ces auteurs, Claude-Barthélemy Morisot (1592-1661) est tout particulièrement intéressant. Argumentaire scientifique : problématique, enjeux, méthodologie Avocat au Parlement de Dijon, Morisot est aussi un érudit qui connut un grand succès au sein de la République des Lettres de son temps. La traduction et l’étude de plusieurs de ses œuvres (Morisot écrit en latin) ont été entreprises par Valérie Wampfler, la co-directrice de cette thèse : sont éditées ou en cours d’édition la Porticus Medicaea (1626), la Peruviana (1644) et sa Conclusio et interpretatio (1646), ainsi que plusieurs extraits de la correspondance de Morisot avec les érudits de son temps, réunie dans les Epistularum centuriae prima et secunda (1656) ; la traduction d’un ouvrage de jeunesse de Morisot, l’Alitophili veritatis lacrymae (1624), a été amorcée, et un projet de travail d’équipe consacré aux inédits de Morisot est en cours d’élaboration à l’Université de Reims Champagne Ardenne, associée au projet Burgundia Humanistica (voir infra). Font partie de ce projet les curieux P. O. Nasonis Fastorum libri XII, quorum sex posteriores a C.-B. Morisoto Divione substituti sunt (Dijon, P. Guyot, 1649) : il s’agit d’une continuation de l’œuvre inachevée d’Ovide. Morisot édite en effet les six chants des Fastes écrits par le poète de Sulmone, mais affirme avoir « l’audace » de continuer le calendrier des fêtes romaines en écrivant lui-même les six derniers chants. Une étude approfondie de cette œuvre qui mêle éléments d’histoire, de civilisation, de religion romaines jette une lumière considérable sur les connaissances et les centres d’intérêts d’un parlementaire bourguignon du XVIIe siècle. Le travail consistera à faire le point sur les connaissances actuelles à propos des Fastes d’Ovide, afin de juger de la réussite (en termes d’érudition et de style) de cette continuation, qu’il faudra réinscrire dans le cadre plus large de la réception des œuvres du poète de Sulmone aux XVIe et XVIIe siècles et dans celui du « genre » de la continuation. Enfin, il conviendra de choisir un des six chants écrits par Morisot et d’en présenter une traduction annotée.

Jacob, BarbaraAudacem faciebat amor : Thisbé, une héroïne ovidienne dans la littérature européenne de l’Antiquité au Moyen-Age (XIe-XVe siècles), co-dir. S. Laigneau-Fontaine et J.-M. Fritz.

Au Moyen Âge, la fable de Pyrame et Thisbé offre au lecteur un éventail de représentations variées aux enjeux différents: elle est traduite, remaniée, transposée pour servir des objectifs littéraires, allégoriques et moraux. Histoire d’amour atemporelle, elle a subi un transfert culturel aux multiples facettes, des textes mythographiques à la poésie, en passant par une inscription dans l’imaginaire collectif littéraire et pictural. Nous explorons donc la réception multiforme de cette fable pour retracer son évolution diachronique depuis ses origines, afin de filtrer les mythèmes qui persistent malgré les changements de forme et déterminer leurs variations et leurs constances; il s’agira ainsi de comprendre comment les auteurs s’approprient le mythe et en livrent leur propre interprétation en fonction du contexte. Notre corpus s’étend de l’Antiquité au XVe siècle et contient des textes en langue latine, grecque et vernaculaire. Dans ces textes, il n’est pas rare que l’auteur ou un personnage se compare à Pyrame ou à Thisbé: quel sens prend cette comparaison, de quelle manière devient-elle une figure topique de l’amour menant à la mort, de l’amour contrant la mort, un exemple ou un contre-exemple ? Et plus particulièrement, comment Thisbé, dont l’audace et la libération de la parole amoureuse semblent ouvrir la voie à d’autres personnages féminins après elle, devient-elle, de personnage ovidien, une figure courtoise, vertueuse, mariale, mais surtout une héroïne forte et indépendante ?

Pinguet, JérémieLes Nénies de Jean Salmon Macrin, édition, traduction commentaire, dir. Sylvie Laigneau-Fontaine et Virginie Leroux (EPHE). Contrat doctoral ENS.

Ma thèse consiste en l’édition, la traduction et le commentaire littéraire des « Nénies », parues en 1550 et composées par le poète et humaniste français néolatin Jean Salmon Macrin au sujet de la mort de sa femme, Guillonne Boursault, surnommée Gélonis.

Saunier-Letercq, ValérieLa traduction latine de l’Iphigénie à Aulis d’Euripide par Erasme, dir. Sylvie Laigneau-Fontaine et Estelle Oudot (U. Bourgogne).

Erasme a choisi de traduire en latin la tragédie d’Euripide : Iphigénie à Aulis. Il s’agit d’en proposer une traduction française et conjointement d’étudier en quoi la version d’Erasme permet de saisir les enjeux majeurs du projet humaniste de ce philologue chrétien.

Université de Caen-Normandie

Université de Genève

Defaÿsse, EveEntre cloître et université : la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Victor de Paris aux XIIIe-XIVe siècles, co-dir. Cédric Giraud et Caby (Université de Lumière Lyon II).

De Ridder, JulienHumanisme et révolution poétique au onzième siècle : recherches sur les carmina varia de Marbode de Rennes, dir. Cédric Giraud, co-tutelle internationale B. Van Den Abeele (Université de Louvain-la-Neuve).

Germay, Blandine deFormer l’intériorité au XIVe siècle : l’Orationarium du célestin Pierre Poquet. Édition critique et commentaire, dir. Cédric Giraud.

Mazel, NicolasFortune des Héroïdes d’Ovide au Moyen Âge (XIe-XVe) : domaine français, latin et italien, co-dir. Cédric Giraud et M. Possamaï (Université Lumière Lyon II).

Mérieux, Anne-ClaudePenser l’éducation du roi dans les romans des XIIe et XIIIe siècles : Alexandre, Arthur et Josaphat, dir. Cédric Giraud, co-tutelle internationale avec V. Fasseur (Université de Montpellier).

Auteur du premier traité de philosophie politique, le « Policraticus » (1159), Jean de Salisbury théorise et dessine l’image du bon prince. Dans la littérature épique et romanesque des XIIe et XIIIe siècles trois rois se distinguent : Alexandre, Arthur et Josaphat. L’un est un roi païen, les deux autres sont chrétiens. Ces rois suivent un apprentissage différent grâce à leurs maîtres respectifs, Aristote, Merlin et Barlaam. Les auteurs de l' »Historia de Preliis Alexandri Magn »i, Thomas de Kent, Alexandre de Paris et Gautier de Châtillon s’attachent à retranscrire le parcours d’Alexandre. Geoffroy de Monmouth et Robert de Boron se concentrent sur l’éducation d’Uter et d’Arthur. L’auteur de la vulgate latine du « Barlaam et Iosaphat », Gui de Cambrai et deux anonymes racontent, quant à eux, l’avancée de Josaphat et d’Avenir sur la voie de la chrétienté. Récits médio-latins et romans mettent en avant la construction d’un idéal royal que conduiraient Jean de Salisbury et la réforme grégorienne. L’étude des représentations d’Alexandre, d’Arthur et de Josaphat met en lumière le retentissement des réformes politiques en cours dans les littératures épiques et romanesques des XIIe et XIIIe siècles.

Université de Grenoble Alpes

Dedieu, Alexia : Lire Euripide au XVIe. Étude sur la réception savante d’Euripide dans les éditions et traductions latines de ses tragédies (1495-1605), co-dir. M. Bastin-Hamou et Simone Beta (Sienne) (thèse soutenue le 13 décembre 2022).

Cette thèse étudie la réception d’Euripide dans ses éditions et traductions et paratextes en latin en Europe au XVIe siècle. Ce corpus hétéroclite, écrit en latin, langue de communication savante de l’époque, et éparpillé dans les diverses bibliothèques d’Europe, a longtemps été laissé de côté par la critique. Pourtant, ces écrits, essentiels pour étudier la réception d’Euripide, sont également un pilier de l’histoire littéraire européenne. En effet, à une époque où la théorie littéraire ne constitue pas encore une discipline à part entière, c’est dans les paratextes que se développent les débats théoriques qui agitent le monde littéraire et artistique. En marge des textes d’Euripide s’élaborent ainsi les discours théoriques sur l’acte de traduction et sa mise en pratique, de même que les réflexions sur le genre de la tragédie qui ont par la suite façonné le théâtre classique du XVIIe siècle. Mais la portée de ces travaux dépasse le champ littéraire. Les savants qui en sont les auteurs sont des penseurs proches du pouvoir politique et religieux, et entre leurs mains, les tragédies d’Euripide deviennent un instrument pédagogique, religieux et politique. Ce projet de recherche en deux temps consiste d’abord à rendre accessible un patrimoine littéraire méconnu. L’étude de ce corpus, dans un second temps, vise à éclairer un pan oublié de l’histoire de la littérature. Elle tend à illustrer les différentes lectures que les humanistes font d’Euripide, qui constituent une étape cruciale dans construction du théâtre moderne. Leur réception d’Euripide se fait le miroir des préoccupations morales, politiques et littéraires de l’époque et les représentations qui en découlent se sont attachées au poète de façon durable, et ont constitué un héritage pour le théâtre des siècles suivants qui s’en est trouvé transformé.

Université de Louvain-la-Neuve

Aydin, Elisabeth, Poésie et philosophie grecques dans l’humanisme français et néerlandais entre la seconde moitié du XVIe et la première moitié du XVIIe siècle, dir. Aline Smeesters.

Supply, Caroline, La veine poétique néo-latine du deuil familial au tournant du XIVe et XVe siècles en Italie. Étude de la construction du discours poétique et des représentations, dir. Aline Smeesters.

Mercier, Farah, Autour de Denis Petau (Dionysius Petavius S.J., 1583-1652) : étude du réseau relationnel d’un jésuite français, dir. Aline Smeesters.

Université Paris II Panthéon-Assas

Robaglia, Baptiste, La pensée juridique d’Étienne Pasquier (1529-1615), co-dir. Philippe Cocatre-Zilgien et Xavier Prévost (U. Bordeaux). Contrat doctoral, université Paris II Panthéon-Assas.

Étienne Pasquier (1529-1615) est généralement connu pour ses Recherches de la France dont le premier livre parut en 1560. Une riche historiographie existe déjà sur les conceptions historiques de Pasquier. Cependant, l’étude de la pensée juridique de Pasquier n’est quasiment pas abordée. Il m’est apparu opportun de devoir réaliser une étude sur sa pensée juridique. Pour mieux la comprendre, il s’agira tout d’abord de contextualiser ses œuvres, sa vie et son idéologie tant d’un point de vue historique que juridique. Notre auteur connut le bouleversement des études de Droit provoqué par l’humanisme juridique. Il en prit notamment l’ensemble des bénéfices en suivant les leçons d’Hotman et de Baudoin à Paris. Avant de poursuivre son cursus à Toulouse où il rencontra le maître de l’humanisme historiciste Cujas. Puis, il termina ses études en Italie où il put écouter les derniers enseignements d’Alciat, père fondateur de l’humanisme juridique en France. Il devint ensuite avocat au Parlement de Paris où il se mêla au milieu parlementaire. Au sein de ce milieu, Pasquier devint un membre des Politiques, mouvement cherchant à préserver l’unité du royaume de France troublé par les luttes confessionnelles. Par ailleurs, Pasquier, en tant qu’humaniste praticien, a cherché à mettre en exergue un droit national par l’utilisation de l’histoire, des traditions, des coutumes et de la langue. Pour mieux appréhender la pensée de Pasquier, nous concentrerons notre étude, tant d’un point de vue publiciste que privatiste, sur la manière dont notre auteur perçoit le droit.

Ravoniarison, Gaëtan, La pensée juridique de Claude de Seyssel (v.1450-1520) : la tradition à l’épreuve de l’humanisme, co-dir. Bernard d’Alteroche et Xavier Prévost (U. Bordeaux). Contrat doctoral université Paris II Panthéon-Assas.

Claude de Seyssel (v.1450-1520) est connu pour être l’un des principaux conseillers de Louis XII entre 1498 et 1515, et pour son ouvrage La Monarchie de France. Œuvre à prédominance politique, cette dernière a fait l’objet de toutes les attentions des historiens. Or, le conseiller savoyard est avant tout un juriste, formé au droit civil, au droit féodal et au droit canonique à Pavie et Turin. Son cours de droit civil – consistant en un commentaire du Digeste et du Code de Justinien –, enseigné lorsqu’il occupait la chaire de droit civil à la faculté piémontaise entre 1492 et 1497, a été publié en 1508. Toutefois, sa pensée juridique n’a fait l’objet d’aucune étude d’envergure. Pourtant, Claude de Seyssel s’inscrit dans une période de renouveau de l’étude du droit. Peu à peu les humanistes remettent en cause les travaux des bartolistes au début du XVIe siècle. Au cours de cette période charnière, il occupe des rôles centraux : conseiller ducal du duc de Savoie, conseiller royal de Louis XII, ambassadeur et député au sénat de Milan, évêque de Marseille puis archevêque de Turin. Ses travaux mêlent enseignement des textes antiques – il fût le premier à traduire en français des textes d’auteurs antiques grecs –, œuvres historiographiques, et théologiques. D’un point de vue juridique, sa vision pragmatique nous donne un aperçu d’une période encore sous-estimée en France que sont les règnes de Charles VIII et Louis XII. Tout l’objet de cette étude sera de démontrer comment Claude de Seyssel a absorbé et associé les méthodes bartolistes et humanistes pour en ressortir un enseignement et une vision du droit et des institutions qui lui sont propres.

Université Paris III

Hue-Haynez, Catherine, La question du mariage chez Érasme : des Annotations de Paul à l’Institutio matrimonii : élaboration conceptuelle et formes discursives », co-dir. Nathalie Dauvois et Anne-Hélène Klinger-Dollé (U. Toulouse). Thèse soutenue le 18 février 2022.

La pensée matrimoniale d’Érasme a souvent été appréhendée au prisme des polémiques. Celles-ci ont pu occulter l’importance de la question du mariage dans la philosophia Christi. L’objet de cette étude est de comprendre comment la mise en œuvre de formes discursives variées, au sein d’œuvres de genres différents, permet l’élaboration d’une nouvelle conception de l’institution matrimoniale. Les textes latins sont présentés dans leur contexte et une traduction en français des passages les plus significatifs est proposée. La première partie est consacrée à la réflexion doctrinale. Érasme met en évidence les tensions entre les modèles proposés par l’Église et les usages contemporains. Les complexités et les contradictions du droit canon, le défaut de formalisation des rites, font l’objet de vives critiques. Il développe une conception du sacrement comme image de l’amour divin, qui permet d’envisager dissolution et remariage. Les éléments constitutifs d’une rhétorique du mariage sont ensuite étudiés : invention de propositions et d’exemples à partir de lieux délibératifs, adaptation du vocabulaire latin aux realia, recours au raisonnement inductif et aux cas, polyphonie et dialogues. La notion rhétorique de decorum ouvre à une démarche qui privilégie le particulier, les circonstances de temps et de lieu, y compris dans les domaines de l’herméneutique biblique et de l’éthique. Le troisième volet de l’étude s’attache à caractériser l’éthique matrimoniale érasmienne à partir de situations de la vie quotidienne. Les époux sont invités à exercer leur libre arbitre, au lieu de se conformer à des normes morales, et à imiter l’exemple d’un mariage idéal cimenté par l’amour mutuel.

Université Paris Est Créteil

Brisbois, Nicolas : Les traductions latines des dialogues apocryphes de Platon par l’humaniste allemand Willibald Pirckheimer, co-dir. A. Raffarin et J. Hirstein (Strasbourg)

Pommier, Mathilde : Admirabilia, miracula, mira exempla : rêves, présages, fantasmes dans la littérature humaniste : les Geniales Dies d’Alessandro Alessandri (1522), dir. A. Raffarin

Demiror quis sit ille Alexander ab Alexandro. Ainsi Erasme s’interroge-t-il au sujet d’Alessandro Alessandri dans une lettre du 14 mai 1533. Sur cet auteur nous ne disposons que de peu d’informations et surtout d’aucune étude récente consacrée à l’ensemble de son œuvre. Juriste et écrivain, il a écrit les Geniales Dies, œuvre composée de six livres et parue en 1522. Cet ouvrage a fait l’objet de trois éditions en 1522, par Giacomo Mazzocchi, en 1532 et 1539. André Tiraqueau rédige en 1614 un commentaire intitulé Semestria. Plus récemment Mauro di Nichilo a publié Giorni di Festa. Dispute umanistiche e strane storie di sogni, presagi e fantasmi, sélection de chapitres tirés des Geniales Dies et traitant de mirabilia (2014). En raison de leur structure et de la variété des thèmes abordés, il n’est pas évident de rattacher les GD à un genre littéraire. Cette œuvre a été considérée comme encyclopédique, paraencyclopédique mais aussi comme une miscellanée ou encore un manuel de savoir antique. Si les sujets traités dans les GD sont variés, les mirabilia, les rêves, présages et fantasmes y ont aussi leur place. Signes divins, miracles, merveilles de la nature, du monde ou encore de Rome, le merveilleux fascine dès l’Antiquité. Cet attrait pour les mirabilia est encore vivace au Moyen Age et ne faiblit pas par la suite. Les mirabilia surgissent en plusieurs endroits des GD et l’auteur s’efforce de citer ses sources et de traiter ce sujet avec la même rigueur que les autres thématiques. Loin de rejeter ces passages comme naïfs et crédules, nous nous demanderons comment le surnaturel s’articule au rationnel dans cette œuvre. Nous chercherons à comprendre l’intérêt des mirabilia dans un ouvrage abondamment documenté et pensé en vue de transmettre le savoir antique. Le choix des modèles et des sources d’Alessandro Alessandri pour produire ses récits merveilleux sera étudié. En tenant compte du contexte dans lequel écrit cet auteur humaniste, nous tâcherons de comprendre le regard qu’il porte sur les mirabilia rapportés par les Anciens. Nous nous questionnerons sur le contraste entre l’apparente légèreté du sujet et les chapitres d’érudition de l’ouvrage. La composition de l’ouvrage sera aussi analysée pour faire apparaître les choix opérés par Alessandro Alessandri d’insérer des mirabilia à différents endroits de son œuvre. Pour ce faire, tous les chapitres traitant du merveilleux seront traduits et commentés.

Schoentgen, Ben : Rome triomphante : les enjeux d’une restauration, dir. A. Raffarin (inscription prévue 2023)

Université de Paris-Sorbonne

Bellanger, Lorène, Les Carmina de Jean Commire (1678) : édition, traduction et commentaire, dir. Émilie Séris.

Casellato, Nicolas, Traduction et commentaire des Quattior libri Amorum siue quattuor latera Germaniae (1502) de Conrad Celtis, dir. Hélène Casanova-Robin.

Cissé, Bernadette, L’argumentation polémique dans la crise politique et religieuse au XVIe siècle : Ronsard et les protestants, dir. A.-P. Pouey-Mounou.

Faure, Adrian : La figure de Scipion l’Africain entre Antiquité et Renaissance : réélaboration morale, politique et poétique d’une figure littéraire et artistique, co-dir. H. Casanova-Robin et E. Rosso.

Fayard, Emma, Une muse diserte. Copia et pertinence dans les Œuvres de Ronsard, dir. A.-P. Pouey- Mounou.

Fonseca, Lucas : Édition, traduction et commentaire du recueil Parthenopeus sive Amores de Giovanni Pontano, co-tutelle H. Casanova-Robin et A. Iacono.

Leidi, Giulia, Tibulle dans la poésie et les études des Humanistes sur l’élégie antique, co-tutelle H. Casanova-Robin et D. Coppini (U. Florence).

Lemerre-Louerat, Anne, La Poésie des météores de l’Humanisme latin à la Pléiade, co-direction H. Casanova-Robin et A.-P. Pouey-Mounou.

Mauffrais, Paméla : Édition, traduction et commentaire de l’Isottaeus Liber (1449) – recueil élégiaque en trois livres composé par Basinio de Parme, dir. H. Casanova-Robin.

Cette thèse porte sur la traduction et le commentaire de l’Isottaeus Liber du poète humaniste Basinio de Parme (1425-1457). L’Isottaeus est un poème épistolaire en distiques élégiaques qui met en scène le souverain de Rimini, Sigismond Malatesta, sa bien-aimée, Isotta degli Atti, et le Poète, qui se ménage des interventions directes dans leurs échanges. L’œuvre s’inscrit dans la tradition des Héroïdes d’Ovide et, si elle a été éditée par F. Ferrucci en 1922, elle n’a jamais bénéficié jusqu’à ce jour de traduction intégrale en langue moderne. Nous voudrions étudier la façon dont cette œuvre renouvelle la forme élégiaque augustéenne et témoigne de l’histoire politique et culturelle de Rimini.

Meng, Yao, La discrétion dans la poésie amoureuse de la Pléiade : approche énonciative et figurale d’une rhétorique de l’implicite, dir. A.-P. Pouey-Mounou.

Payen de La Garanderie, Adèle, La Pléiade légère : innovations stylistiques dans les genres poétiques mineurs à la Renaissance (1552-1585), dir. A.-P. Pouey-Mounou.

Ruciak, Astrée, La rhétorique du surnaturel : choix de langue et choix de style dans la rhétorique démonologique en langue française au tournant des XVIe et XVIIe siècles, dir. A.-P. Pouey-Mounou.

Souhait, Nicolas, Dorat pédagogue de la langue française. De la poétique trilingue à l’illustration du français dans la poésie de la jeune Pléiade (1549-1556), dir. A.-P. Pouey-Mounou.

Wippermann, Jonas, Die Ambivalenz der Form. Das Werk Pierre de Ronsards zwischen politischem Interesse und künstlerischer Form, dir. A.-P. Pouey-Mounou, co-encadrement avec K. Westerwelle (dir. principale) et U. Langer, Münster.

Yvert-Hamon, Sophie, Ethos, représentation de l’autre et argumentation dans le discours de controverse religieuse de Philippe Duplessis-Mornay, dir. A.-P. Pouey-Mounou, co-dir. avec B. Novén, Stockholm.

Université Paris XII

Anne Raffarin signale deux projets de thèse sous sa direction : Claire-Marie Mourgues sur les Jours de fête d’Alessandro d’Alessandro et Nicolas Brisbois sur « Les traductions latines par Willibald Pirckheimer des traités du Pseudo-Platon ».

Université de Picardie Jules Verne

Bruni, Vincent : Le De imitatione (1541) de Bartolomeo Ricci : édition, traduction et commentaire (pédagogie et humanisme au seizième siècle italien), dir. Laurence Boulègue.

Comme le laisse entendre le titre, nous souhaitons proposer la première édition scientifique complète du traité sur l’imitation de Bartolomeo Ricci, le De imitatione. Cette édition proposera une courte introduction, une transcription du texte basée sur l’édition aldine de 1557, une traduction en français, annotée, suivie d’un commentaire. Bartolomeo Ricci, humaniste italien né à Lugo en 1490 et mort à Ferrare en 1569, a consacré sa vie à l’enseignement, tout d’abord dans des écoles publiques puis au service de la famille d’Este, à Ferrare. Il devient le précepteur des deux fils d’Ercole II d’Este, Alfonso et Luigi. C’est à Alfonso qu’il dédie ses trois livres sur l’imitation, qui se présente comme des lettres adressées à son élève. Ce traité revêt donc une double dimension: dimension théorique en ce qu’il participe au débat littéraire intense de l’époque autour de la notion d’imitation; dimension pédagogique, puisque ce texte met en jeu la relation entre le professeur et l’élève et apporte à ce dernier des conseils pour progresser. Ce traité, connu des spécialistes, n’a pour le moment, en France comme à l’étranger, jamais été édité de manière scientifique et complète. Cette thèse se propose de répondre à ce manque.

Biacchesi, Arrigo : L’Apologeticon (1515) de Mercurius Vipera : édition, traduction, commentaire, dir. Laurence Boulègue.

Je me propose d’étudier l’œuvre et la personnalité intellectuelle de Mercurius Vipera et, dans l’ensemble de sa production, d’examiner plus particulièrement son Apologeticon, traité théologique inédit du XVIe siècle, en latin, dont il s’agira d’établir le texte et de donner une traduction française en vue d’une édition.

Maroye, Florentin :   Les   traductions   latines   de   trois   comédies   d’Aristophane   (Les   Guêpes, La paix, Lysistrata) par Florent Chrestien (1541-1596), dir. Laurence Boulègue et Nathalie Catellani (U. Picardie).

Il s’agira, dans cette thèse, de décrire et de montrer comment les traductions d’Aristophane par Florent Chrestien et les apparats qui les accompagnent sont à la fois l’œuvre d’un érudit humaniste, helléniste et latiniste, et celle d’un acteur de son époque. L’analyse, dont la première approche sera donc philologique, se propose aussi d’étudier les possibles implications des engagements et positions de Florent Chrestien non seulement dans les paratextes, mais aussi dans ses choix même de traduction et dans ses commentaires. Notre travail se veut novateur en ce que les traductions de Florent Chrestien, mis à part quelques articles très utiles mais peu nombreux, n’ont pas fait l’objet d’une étude systématique. Florent Chrestien, néanmoins, du fait de la figure de protestant affirmé qui est la sienne et du fait de la place centrale qu’il occupe dans les débats de son temps est une figure centrale du XVIᵉ siècle français. C’est la raison pour laquelle notre sujet de thèse se propose d’observer la porosité qui existe entre les deux aspects de son activité. C’est grâce au trilinguisme de Florent Chrestien (français – latin – grec), sans doute la caractéristique la plus marquante de son œuvre, que nous comptons pénétrer la pensée de l’auteur, pour comprendre qu’elle ne doit pas être limitée à un exercice d’érudition ou de talent de philologue.

Université de Rennes 2

Université de Strasbourg

Jeannot-Tirole, Marie, Un poème humaniste né de l’héritage antique : la Sylua epistolaris seu Barba de Johann Sapidus (1490-1561), dir. James Hirstein (contrat doctoral)

Kinosky, Nicolas, « Les Métamorphoses d’Apulée et l’Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna, imitatio, aemulatio, renovatio d’un roman initiatique », co-direction avec Gilles Polizzi, Litt. fran., Univ. de Haute-Alsace.

Marchand, Chantal, Les voix féminines dans les Colloques d’Érasme de Rotterdam, dir. James Histein. Thèse soutenue le 8 décembre 2022.

Dans les Colloques, Érasme pose un regard critique sur la société en général, mais fait preuve d’une certaine bienveillance envers les femmes. Ses personnages féminins se distinguent le plus souvent par le respect qu’ils inspirent. Érasme combat en effet la misogynie ordinaire qui s’aggrave à la Renaissance et il reconnaît aux femmes une certaine égalité avec les hommes. Mais comment vérifier au plus près ce que l’on admet traditionnellement comme une évidence, à savoir la sympathie d’Érasme pour la cause des femmes, et sa volonté de leur légitimation sociale et religieuse ? L’analyse des voix féminines dans les colloques choisis, précédée d’une étude du dialogue et de la construction des personnages depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque d’Érasme, permet de répondre à ces questions. L’examen des cinq colloques met en lumière un certain nombre de stéréotypes misogynes (du point de vue de notre époque), des réticences ou des jugements qui limitent le rôle des femmes dans la sphère privée ou publique. Sans remettre en question l’idéal féminin d’Érasme et sa promotion d’une nouvelle dignité pour « le deuxième sexe », ces jugements, qui sont aussi le reflet de la société de son époque, nuancent en profondeur des personnages parfois déroutants, peu chrétiens, loin de ce que l’on a pu en dire.

Melo, Marcos, Le prince et les pauvres dans la rhétorique délibérative relative à l’Etat chez Erasme de Rotterdam, dir. James Hirstein.

Pérez, Elena, La poésie de la naissance en France (1457-1572), co-direction James Hirstein et Jean-Charles Monferran (U. Paris-Sorbonne).

Pomel Fabienne et Van de Meeren Sophie (dir.), Philosophie et fiction de l’Antiquité tardive à la Renaissance, Leuven, Peeters publishers, Collection Synthema, n°12, 2021

Pomel Fabienne et Van de Meeren Sophie (dir.), Philosophie et fiction de l’Antiquité tardive à la Renaissance, Leuven, Peeters publishers, Collection Synthema, n°12, 2021, 358p.

Quels étaient les représentations et enjeux de la philosophie et de la fiction, leurs échanges, interactions et zones frontières de l’Antiquité tardive jusqu’à la Renaissance ? La fiction peut apparaître comme l’envers de la vérité. Elle n’en est pas moins une forme de recherche de vérité, savoir ou sagesse : Augustin, Macrobe, Martianus Capella ou Boèce, puis les poèmes allégoriques latins du XIIe siècle, les encyclopédies du XIIIe siècle, suivies par des œuvres allégoriques écrites dans le milieu de la cour de Charles V et Charles VI ou encore par Ficin problématisent le statut de la fiction : quelle est sa légitimation philosophique ? Quels sont les rapports entre philosophie et arts libéraux, philosophie et poétique, philosophie et théologie ? Les contributions interrogent le lexique et l’arrière-plan philosophique. Elles examinent aussi les moyens de la fiction pour mettre en œuvre un projet herméneutique et heuristique fécond : la personnification, la prosopopée, les modèles narratifs (banquet ou voie) ou le cadre dialogique.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°19 (2021) de la SEMEN-L (p. 74-75).

Colloque sur les genres dialogiques

Les genres dialogiques de l’Antiquité à la Renaissance



Symposium international
Amiens, Logis du Roy, 17 et 18 janvier 2019
Dir. L. Boulègue (UPJV/EA 4284 TrAme) et G. Ierano (U. Trento)



Comité d’organisation
Laurence Boulègue (Université Picardie-Jules Verne) et Giorgio Ieranò (Università di Trento), avec la collaboration de Claire Mathis et C. Pochet (UPJV)

Comité scientifique
Laurence Boulègue (Université Picardie-Jules Verne), Hélène Casanova-Robin (Université Paris-Sorbonne), Pierre Judet de la Combe (EHESS), Giorgio Ieranò (Università di Trento), Olimpia Imperio (Università di Bari), Gabriella Moretti (Università di Genova)



Jeudi 17 janvier

9.30
Accueil

9.50
Introduction : Laurence Boulègue et Giorgio Ieranò

Première Journée
Le dialogue philosophique


Première session : Le dialogue philosophique dans l’Antiquité

Présidence : Pierre Judet de la Combe (EHESS)

10.15 Mauro Tulli (Università di Pisa) : « Per la teoria del dialogo: Platone »

10.45 Olimpia Imperio (Università di Bari) : « Tra dialogo filosofico e dialogo drammatico: la ‘prima lezione’ di Socrate nelle Nuvole di Aristofane »

Discussion
Pause

11.45 Carlos Lévy (Sorbonne Université) : « À propos du dialogue dans les Tusculanes. Le personnage sans qualités et son double »

12.15 Sandrine Dubel (U. Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand) « Essais de définition d’un genre : relire les dialogues de Platon et d’Aristote avec Carlo Sigonio (De dialogo liber, 1562) »

Discussion

13.15 Déjeuner pour les participants, Logis du Roi

Seconde session : La renaissance du dialogue philosophique

Présidence : Michel Perrin (UPJV)

14.45 Laurence Boulègue (UPJV-EA 4284 TrAme) : « Les paradoxes du genre du dialogue philosophique à la fin du XVe et au XVIe siècle en Italie »

15.15 Alejandro Cantarero de Salazar (Universidad Complutense de Madrid- DialogycaBDDH, IUMP) : « Le dialogue entre Pauvreté et Fortune dans le Corbacho de l’Arcipreste de Talavera: introduction à l’analyse d’un genre argumentatif »

15.45 Carine Ferradou (U. Aix-Marseille) : « Polémique politique, forme dialogique et traités de philosophie politique à la fin du XVIe siècle : le De iure regni apud Scotos de George Buchanan (1579) et le De regno et regali potestate de William Barclay (1600) »

Discussion

20.15 : dîner 

Vendredi 18 janvier

Deuxième Journée
La contamination des genres


Première session : Hybridité du genre dialogique dans l’Antiquité

Présidence : Giorgio Ierano (U. Trento)

9.30 Monique Crampon (UPJV) : « Plaute et la prolifération du dialogue »

10.00 Alice Bonandini (Università di Trento) : « Un figlio degenere per un nobile padre: dialogo filosofico e dialogo menippeo »

Discussion
Pause

11.00 Donatella Izzo (Università di Trento) : « Manger comme un cochon : histoire d’une comparaison entre comédie et Cynisme »

11.30 Sophie Van der Meeren (. U. de Rennes II) : « Silence et transcendance dans les dialogues de l’Antiquité tardive. Étude comparée d’un motif philosophique et littéraire chez Proclus, Augustin et Boèce »

Discussion

12.45 Déjeuner pour les participants, Logis du Roi

Seconde session : Déclinaisons de la forme du dialogue au Moyen Âge et à la Renaissance

Présidence : Hélène Casanova-Robin (Sorbonne université)

14.45 Michel Perrin (UPJV) : « Raban en dialogue avec ses auteurs »

15.15 Alice Lamy (EA « Rome et ses Renaissances » – EA TrAme) : « Partager les merveilles de la nature et les mystères cosmologiques : le dialogue encyclopédique dans l’oeuvre d’Adélard de Bath (XIIe siècle) »

15.45 Laure Hermand-Schébat (Université de Lyon-Jean Moulin, HiSoMa-UMR 5189) : « Mecum loquor. Le dialogue intérieur chez Pétrarque (Lettres et Secretum) »

Discussion

Clôture du colloque

Lieu de la manifestation : Amiens, UPJV, Logis du Roy
Organisation : Laurence Boulègue et Giorgio Ierano

Colloques 2018-2019

Retrouvez ci-dessous la liste des colloques pour les années 2018-2019 concernant le latin médiéval et le néo-latin, recensés par la SEMEN-L.

– 27-29 sept. 2018, Bruxelles, Palais des Académies : « Zeuxis redivivus. Art et émulation dans l’Europe du XIVe au XVIIe siècle », org. M. Bert (UCLouvain–American University of Paris) et L. Fagnart (FNRS – Université de Liège).
– 2 oct. 2018, 9 h 30-17 h, Paris, IRHT, La Catena aurea de Thomas d’Aquin sur les Évangiles. Une chaîne de chaînes au défi de l’édition électronique, org. M. Morard.
– 26-27 oct. 2018, Bâle, Journées d’études, « ‘Ce n’est pas un mensonge, ains un divin presage’. Interroger la vérité du songe dans la littérature française de la Renaissance », org. D. Brancher, N. Hugot et A. Lesage.
– 8-10 nov. 2018, Clermont, Université Clermont Auvergne, colloque international « Présences ovidiennes », org. R. Poignault et H. Vial (CELIS, EA4280).
– 22-23 nov. 2018, Paris, Sorbonne, colloque de la Société d’Histoire littéraire de la France, « Poésie et éthique (XVIe – XXIe siècles) », org. A. Génetiot (U. Lorraine)
– 22-24 nov. 2018, Paris, Sorbonne Université Lettres, colloque international « Peintures et figures de nus dans la littérature de l’Antiquité à la Renaissance », org. É. Séris (« Rome et ses renaissances » EA4081).
– 29, 30 nov.-1er déc. 2018, Université de Rouen, Colloque « Dialogue et Enseignement », org. M. Lucciano et J.-P. De Giorgio.
– 17-19 déc. 2018, Lyon, U. Lumière Lyon 2-ENS de Lyon –U. Jean Moulin Lyon 3, Congrès du GIS « Humanités, Sources et langues de l’Europe et de la Méditerranée » : « Étudier les Humanités aujourd’hui : nouveaux enjeux et nouvelles méthodes ».
– 17-18 janv. 2019, UPJV-Amiens, Logis du Roi, « Le théâtre et les genres dialogués de l’Antiquité à la Renaissance. Volet 2 : du genre dramatique aux genres dialogiques », dir. L. Boulègue et G. Ierano ((UPJV/EA 4284 TrAme- U. Trento).
– 18-19 janv. 2019, U. Paris Sorbonne, Colloque « Les Anthologies poétiques au XVIe siècle », org. A. Lionetto et J.-C. Monferran.
– 24-26 janv. 2019, Paris, Hôtel de Lauzun, « La Page monumentalisée », org. R. Béhar (ENS, PSL), C. Bénévent (ENC, PSL) et V. Leroux (EPHE, PSL) et Paris, ENS, « Projet Page », org. I. Pantin (ENS, PSL).
– 7-8 mars 2019, Paris, IRHT, Centre Félix-Grat, Les médiévistes face à la documentation des érudits modernes. Méthodes et enjeux, Organisation J. Delmulle (IRHT) et H. Morvan (U. Bordeaux-Montaigne).
– 17-19 mars 2019 : Congrès annuel de la Renaissance Society of America, Toronto.
– 27-29 mars 2019, Aix en Provence, U. d’Aix-Marseille, colloque international « Seneca tragicus : Vir, vis, violentia, virtus, virago, la virilité et ses déclinaisons dans le théâtre de Sénèque et chez ses émules de Mussato à nos jours», org. B. Charlet-Mesdjian, C. Ferradou et C. Flicker (CAER-CIELAM, AMU).
– 30 mars 2019, Écouen, Musée du château, 1ère journée d’étude sur la « Dignité des Artes », org. A. Lamy, A. Raffarin et É. Séris (Sorbonne Université Lettres, EA4081-IUF).
– 12-13 avril 2019, Paris, Sorbonne Université Lettres–Académie des Inscriptions et Belles Lettres, colloque international « Serio ludere. D’Alberti à Érasme », org. H. Casanova-Robin, F. Furlan, P. Laurens, H. Wulfram.
– Mai 2019, Paris, IRHT, « L’édition critique et ses méthodes », org. F. Barone et D. Poirel.
– 23-24 mai 2019, U. Grenoble-Alpes, Colloque « Pensée et pratique de l’intrigue comique (Italie, France, XVIe-XVIIIe siècles) », org. C. Louette et J.-Y. Vialleton
– 30 mai -1er juin 2019, Toulouse, “The Gestures of Diplomacy: Gifts, Ceremony, Body Language(1400-1750),http://saesfrance.org/30th-may-1st-june-2019-the gestures-of-diplomacy-gifts-ceremony-body-language-1400-1750-toulouse-france.
– 27-29 juin 2019, Fribourg, Universität Freiburg, 21e congrès NeoLatina : « Carolus Quintus : l’empereur Charles Quint dans la littérature néo-latine », org. V. Leroux (EPHE, PSL), M. Laureys (Universität Bonn), F. Schaffenrath (Ludwig Boltzmann Institut für Neulateinische Studien, Innsbruck) et S. Tilg (Universität Freiburg).

Alberti, Propos de table–Intercenales, édition critique de R. Cardini, traduction du latin au français de C. Laurens, introduction et commentaire de R. Cardini (traduits de l’italien par F. La Brasca), Paris, Les Belles Lettres (coll. « Les Classiques de l’Humanisme »), 2018. (Laurence Boulègue)

Alberti, Propos de table–Intercenales, édition critique de R. Cardini, traduction du latin au français de C. Laurens, introduction et commentaire de R. Cardini (traduits de l’italien par F. La Brasca), Paris, Les Belles Lettres (coll. « Les Classiques de l’Humanisme »), 2018. 2 volumes (624 p. et 515 p.), 75 euros.

La collection des « Classiques de l’Humanisme » comble une lacune dans le champ des études sur l’humanisme en rendant accessible, tant pour le lecteur curieux que lettré ou spécialiste, un texte fondamental : le public français a enfin la possibilité de disposer du texte des Intercenales d’Alberti, ces « petites pièces à lire entre convives », inspirées des Propos de Table de Plutarque, qui cultivent l’esthétique et l’esprit du serio ludere hérité de Lucien. L’édition de Roberto Cardini, grand spécialiste d’Alberti, et ses annotations sur le texte sont accompagnées de la précieuse traduction française de Claude Laurens, ce qui fait du premier tome non seulement un livre complet pour qui veut découvrir les Intercenales mais aussi un outil de travail pour les spécialistes, complété par le second tome qui rassemble les notes philologiques et d’élucidation du texte, des commentaires et des recherches précises des multiples sources et références que le travail inlassable de Cardini éclaire avec précision tout en révélant le traitement particulier qu’en fait l’humaniste florentin.

Composés d’une succession de petites pièces sur des sujets variés, les Intercenales traitent de l’orphelin, de la veuve, de la Vertu, du destin ou de la fortune, de la parcimonie et de la pauvreté, ou encore des pierres, du hibou, du loup, des nuages, mais aussi du sens caché à soumettre au « dévoilement ». Alberti explique dans la préface que ces propos sont destinés à « être lus aisément dans les festins, entre deux libations », badinage léger qui vise néanmoins à soulager l’âme de ses peines. Ces propos humoristiques et brillants sont aussi des propos sérieux, la pensée albertienne trouvant là un mode d’expression littéraire, entre les traditions du dialogue et du banquet, dans l’interstice de l’oral et de l’écrit, de la parole sociale et de la réflexion plus profonde.

Ces deux volumes réunis en un coffret élégant sont appelés vont assurément susciter de nouvelles études sur l’œuvre d’un des plus grands humanistes italiens de son temps, au croisement des disciplines philologiques, littéraire, historique ou encore philosophique. Œuvre majeure du Quattrocento italien, les Intercenales, qui témoignent de la culture d’Alberti, de l’originalité de sa pensée et de son écriture, sont un ouvrage indispensable à toute bibliothèque humaniste.

Laurence Boulègue

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°16 (2018) de la SEMEN-L (p. 42-43).

De l’oral à l’écrit, Le dialogue à travers les genres romanesque et théâtral, sous la direction de Corinne Denoyelle, Orléans, Paradigme. (Salomon Dumotier)

De l’oral à l’écrit, Le dialogue à travers les genres romanesque et théâtral, sous la direction de Corinne Denoyelle, Orléans, Paradigme, 208 pp.

Cet ouvrage rassemble les actes du colloque international qui s’est tenu à Toronto en juin 2011. L’analyse du dialogue au croisement des genres romanesque et théâtral permet une double réflexion. La première réflexion, qui interroge l’oralité de la littérature médiévale, aboutit au constat de l’incapacité à reconstruire les conditions exactes de la performance du texte. La deuxième réflexion cherche quant à elle à définir génériquement le roman et le théâtre au Moyen Âge. Si dans un premier temps il faut faire le constat de leur apparente hybridité, l’analyse stylistique précise du dialogue permet d’envisager une différenciation opérante des deux genres.

Salomon Dumotier

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°14 (2016) de la SEMEN-L (p. 19).

Pensée et dialogue au Moyen Âge, sous la direction de Marie-Etiennette Bély, Pierre Gire et Eric Mangin, Lyon, Editions Profac Théo, 2013. (Salomon Dumotier)

Pensée et dialogue au Moyen Âge, sous la direction de Marie-Etiennette Bély, Pierre Gire et Eric Mangin, Lyon, Editions Profac Théo, 2013. 191 pages.

Sous ce titre sont réunis les actes du colloque international de philosophie médiévale de Lyon qui s’est tenu en décembre 2012. Les différents intervenants interrogent tour | tour la relation entre philosophie et théologie, étudient l’évolution de la forme dialogique chez les philosophes médiévaux puis se concentrent sur quelques grandes figures de la pensée médiévale en montrant leurs liens avec les auteurs antiques païens et chrétiens. Centrée sur la foi chrétienne, la réflexion se confronte également aux représentations de philosophes juifs et musulmans tels que Maïmonide et les penseurs ésotériques connus sous le nom de « Frères de la pureté ».

Salomon Dumotier

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°14 (2016) de la SEMEN-L (p. 19).