Parution des Œuvres Complètes de Jean Second chez Droz

La Société d’Études Médio- et Néo-latines a le plaisir d’annoncer la parution à la Librairie Droz des Œuvres Complètes de Jean Second en quatre volumes issus d’un travail de longue haleine. La direction scientifique a été assurée par Perrine Galand-Willemen et Virginie Leroux, l’édition a été effectuée par Werner Gelderblom et Pierre Tuynman ; l’ensemble réunit le travail d’Anne Bouscharain, Nathalie Catellani, Karine Descoings, Louise Katz, Suzanne Laburthe, Sylvie Laigneau-Fontaine, Arnaud Laimé, Catherine Langlois-Pézeret, Olivier Pedeflous, Sandra Provini, Astrid Quillien, Anne Rolet, Stéphane Rolet, Emilie Séris, Aline Smeesters. Cette édition de référence (ISBN 978-2-600-06354-8) comprenant 3100 pages rejoint la collection « Travaux d’Humanisme et Renaissance » ; elle peut être commandée sur le site de la Librairie Droz : https://www.droz.org/9782600063548.

Présentation par la Librairie Droz

Jean Second (Janus Secundus, 1511-1536) est l’un des poètes néo-latins de la Renaissance les plus doués de sa génération et l’un de ceux qui ont eu la plus grande influence sur la littérature européenne. Surtout connu pour ses Baisers, poèmes érotiques à succès, Second a laissé en réalité, malgré sa courte vie, une œuvre variée et ambitieuse, écrite dans un latin éblouissant, élaborée avec un soin tout stratégique pour obtenir une place de choix à la cour de Charles Quint. Issu d’une famille en pleine ascension sociale, il cultiva un réseau de savants, d’hommes de lettres et d’artistes dont témoignent ses poèmes, ses récits de voyage, sa correspondance et les médailles qu’il grava. Le texte latin édité est celui du manuscrit préparatoire d’Oxford (le plus fidèle aux choix de Second), en partie autographe, parfois transcrit ou remanié par les frères du poète, Marius et Grudius. Une équipe de spécialistes s’est constituée pour éditer, traduire et analyser cette œuvre remarquable, en corrigeant l’image un peu mièvre d’amoureux passionné véhiculée par une critique héritière du romantisme.

Vidéo de présentation de l’œuvre de Jean Second

Nous vous proposons de visionner cette vidéo (2021) produite sous l’égide de la Fondation Antoine et Marie-Hélène Labbé pour la Poésie, de l’Association Humanisme et Renaissance et des Éditions Droz : Virgine Leroux, actuellement présidente de la SEMEN-L, y présente l’écrivain et ses écrits ; la comédienne Estelle Meyer y déclame des textes choisis.

Sommaire des volumes

VOLUME I

AVANT-PROPOS par Perrine GALAND-WILLEMEN

INTRODUCTION GÉNÉRALE JEAN SECOND (1511-1536), POÈTE DE CHARLES QUINT

Les étapes d’une carrière éclair par Perrine GALAND-WILLEMEN et Virginie LEROUX

Les portraits de Jean Second par Perrine GALAND-WILLEMEN

Étude d’ensemble sur la poétique de Jean Second par Virginie LEROUX

Le latin de Jean Second par Werner GOLDERBLOM

Brève histoire des éditions de Jean Second par Perrine GALAND-WILLEMEN

Principes de notre édition par Werner GOLDERBLOM

Répertoire prosopographique par Anne BOUSCHARAIN, Perrine GALAND-WILLEMEN, Virginie LEROUX et Aline SMEETERS

Médailles gravées par Jean Second par Perrine GALAND-WILLEMEN et Virginie LEROUX

« ELEGIAE » / ÉLÉGIES

Introduction par Virginie LEROUX et Émilie SÉRIS

Bibliographie restreinte

LIVRE 1 DES ÉLÉGIES INTITULÉ JULIE

LIVRE 2

LIVRE 3

Tables des illustrations

Index nominum

VOLUME II

« FUNERA » / TOMBEAUX

Introduction par Nathalie CATELLANI, Catherine LANGLOISPÉZERET, Virginie LEROUX, Anne ROLET et Stéphane ROLET

Bibliographie restreinte

EPIGRAMMATUM LIBER UNUS / LE LIVRE D’ÉPIGRAMMES

Avertissement

Abréviations bibliographique courantes

Introduction par Anne ROLET et Stéphane ROLET, avec la collaboration de Werner GELDERBLOM

Annexes

IOANNIS SECUNDI HAGIENSIS EPIGRAMMATUM LIBER UNUS LE LIVRE D’ÉPIGRAMMES DE JEAN SECOND, DE LA HAYE

Tables des illustrations

Index nominum

VOLUME III

« BASIA » / BAISERS

Introduction par Perrine GALAND-WILLEMEN

Bibliographie restreinte

« EPISTOLAE » / ÉPÎTRES

Introduction description du recueil par Arnaud LAIMÉ et Astrid QUILLIEN

Bibliographie restreinte

ÉPÎTRES LIVRE 1

ÉPÎTRES LIVRE 2

« ODARUM LIBER » / LIVRE DES ODES

Introduction par Suzanne LABURTHE

Bibliographie restreinte

Index nominum

VOLUME IV

« SYLVAE » / SYLVES

Introduction par Colin FRAIGNEAU, Louise KATZ, Olivier PÉDEFLOUS, Sandra PROVINI et Aline SMEESTERS

Bibliographie restreinte

LETTRES EN PROSE

Introduction par Sylvie LAIGNEAU-FONTAINE

Bibliographie restreinte

Synopsis des lettres en prose de cette édition

« ITINERA TRIA » / TROIS RÉCITS DE VOYAGE

Introduction par Anne BOUSCHARAIN, Karine DESCOINGS et Aline SMEESTERS

POÈMES CONSACRÉS À LA MORT DE JEAN SECOND

Introduction par Anne BOUSCHARAIN

Index nominum

Matilde Icardi, Voci di donne umaniste, Dialoghi di Laura Cereta e Olimpia Fulvia Morata, Edizioni dell’Orso, coll. Ciceronianus, Scrittori latini per l’Europa, Alessandria, 2022

Matilde Icardi, Voci di donne umaniste, Dialoghi di Laura Cereta e Olimpia Fulvia Morata, Edizioni dell’Orso, coll. Ciceronianus, Scrittori latini per l’Europa, Alessandria, 2022. ISBN : 978-88-3613-319- 2 ; 20 €.

Cette nouvelle traduction – la première en Italie – d’un choix de dialogues de Laura Cereta (1469-1499) et Olimpia Morata (1526-1555) nous permet de comprendre comment se répondent les œuvres de deux humanistes éloignées à bien des égards, mais unies par leur passion pour l’étude des classiques et leur revendication de la citoyenneté à part entière, pour les femmes, au sein de la République des Lettres.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°21 (2023) de la SEMEN-L (p. 44).

Aquitaniae Latinae – La Renaissance latine en Aquitaine – 2-3 mars 2023, Bordeaux

Nous avons le plaisir de vous annoncer la tenue du colloque Aquitaniae Latinae – La Renaissance latine en Aquitaine le 2-3 mars 2023, à Bordeaux, au Musée d’Aquitaine. Il est organisé par A. Bouscharain et V. Giacomotto, Centre Montaigne / Projet HumanA.

Affiche

Affiche Aquitaniae latinae

Programme (cliquez ici pour le télécharger)

Programme Aquitaniae latinae

JEUDI 2 MARS
8h45 – Accueil
9h – Introduction

Présidence: Sylvie Laigneau

9h15 – Nathalie Dauvois et Béatrice Hautefeuille (Université Sorbonne Nouvelle) « Robert Breton et le collège de Guyenne d’après sa correspondance »

9h45 – Mathieu Ferrand (Université Grenoble Alpes) « ‘Burdegalenses uisamus !’ Le collège de Guyenne et le théâtre comique dans les années 1530 »

10h15 – Discussion et pause

Présidence : Géraldine Cazals

11h – Nicolas Souhait (Sorbonne Université) « Jean Dorat et les Aquitains : une fenêtre parisienne sur un humanisme régional ? »

11h30 – Carine Ferradou, (Aix-Marseille Université) « Garonne, Aquitaine et Camènes dans le recueil de poèmes latins de George Buchanan publié par Mamert Patisson à Paris en 1579 »

12h – Discussion

Présidence : John Nassichuk

14h30 – Sophie Conte (Univ. de Reims Champagne-Ardenne) « Présence du contemporain dans la Rhetorice de Pierre Josset »

15h – Haude Morvan (Université Bordeaux Montaigne) « Un témoignage sur l’église dominicaine de Bordeaux : le Memoriale burdegalense ad annales fratrum praedicatorum (vers 1690, Archives
générales de l’Ordre des Prêcheurs, Rome) »

15h30 – Discussion et pause

Présidence : Virginie Leroux

16h15 – Brigitte Gauvin (Université de Caen Normandie)
« Mers, fleuves et poissons aux pieds de Charles IX : L’Aquitania d’Étienne de Cruseau »

16h45 – Denis Bjaï (Université d’Orléans)
« La Gallia gemens de Geoffroy de Malvyn : une Franciade néolatine bordelaise ? »

17h15 – Hannelore Pierre (Université Bordeaux Montaigne)
« Bordeaux dans l’œuvre de Maurice de Marcis, avocat, poète et
antiquaire »

17h45 – Discussion et fin de la première journée

VENDREDI 3 MARS

Présidence : Brigitte Gauvin

9h – Thomas Penguilly (Académie de Normandie)
« L’inspiration grecque dans les Epigrammata de Martial Monier (1573) »

9h30 – John Nassichuk (University of Western Ontario)
« Martial Monier et l’élégie érotique latine : les poèmes à Corinne et à soi-même »

10h – Discussion et pause

Présidence : Nathalie Dauvois

10h45 – Sylvie Laigneau-Fontaine (Université de Dijon) « Un Ovide écossais en Aquitaine : Mark Alexander Boyd »

11h15 – Virginie Leroux (École Pratique des Hautes Études
– PSL) « Jules-César Scaliger et les rêves : théorie et poétique oniriques »

11h45 Discussion

Carolus Quintus. Kaiser Karl V. in der neulateinischen Literatur/ L’empereur Charles Quint dans la littérature néo-latine. Sous la direction de M. Laureys, V. Leroux, S. Tilg et F. Schaffenrath, Tübingen, Narr Verlag, 2022, 318 p. ISBN : 978-3-8233-8481-6.

Carolus Quintus. Kaiser Karl V. in der neulateinischen Literatur/ L’empereur Charles Quint dans la littérature néo-latine. Sous la direction de M. Laureys, V. Leroux, S. Tilg et F. Schaffenrath, Tübingen, Narr Verlag, 2022, 318 p. ISBN : 978-3-8233-8481-6.

Contributions de Giancarlo Abbamonte, David Amherdt, Thomas Baier, Roland Béhar, Stefan Feddern, Magnus Ulrich Ferber, Virginia Ghelarducci, Stephen Harrison, Marc Kaufmann, Sylvie, Laigneau-Fontaine, Jean-Marie Le Gall, Virginie Leroux, Robert Seidel, Emilie Séris, Tristan S. Taylor.

Le règne de Charles Quint (1519-1556) est l’un des terrains les plus favorables à l’expansion européenne de l’humanisme. Cependant, la représentation de l’empereur dans la littérature, en particulier néo-latine, n’a pas encore reçue toute l’attention qu’elle mérite. Par une série d’études de cas, ce volume contribue à une connaissance plus approfondie du mythe impérial.

Source : Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°20 (décembre 2022) de la SEMEN-L (p. 42).

Lucie CLAIRE, Marc-Antoine Muret lecteur de Tacite. Éditer et commenter les Annales à la Renaissance, Genève, Droz, Travaux d’Humanisme et Renaissance n°DCXXXV2022 (Virginie Leroux)

Lucie CLAIRE, Marc-Antoine Muret lecteur de Tacite. Éditer et commenter les Annales à la Renaissance, Genève, Droz, Travaux d’Humanisme et Renaissance n°DCXXXV2022, 616 p. ISBN : 978-2-600-05860-5.

La critique universitaire a connu un très net regain d’intérêt à l’égard de Marc-Antoine Muret ces dernières années, prenant en compte tant la période parisienne, et notamment le recueil des Juvenilia, que la période italienne. En témoigne, entre autres études et éditions, le collectif Marc Antoine Muret, un humaniste français en Italie, éd. L. Bernard-Pradelle, C. de Buzon, J.-E. Girot et R. Mouren, Genève, Droz, 2020. Lucie Claire vient combler un manque en s’attachant aux travaux multiples que Muret a consacrés à Tacite : un cours sur les Annales, prononcé à l’université de Rome pendant deux années consécutives, en 1580-1581 et 1581-1582, des éditions du premier et du deuxième livres des Annales, quelques chapitres de ses miscellanées, les Variae Lectiones, et un commentaire publié de manière posthume. La leçon inaugurale qu’il prononça à Rome les 3 et 4 novembre 1580, propédeutique au cours tenu pendant deux années sur les Annales, avait déjà fait l’objet de traductions partielles, en français dans l’anthologie des Prosateurs latins en France au XVIe siècle et en anglais dans l’étude de Ronald Mellor et elle a donné lieu à des analyses stimulantes qui font de Muret un précurseur du tacitisme (Alain Michel, Eric MacPhail ou Beatriz Antón Martinez), qui précisent la place qu’occupe Muret dans les débats sur l’imitation de Cicéron (Morris W. Croll, Marc Fumaroli et Christian Mouchel) ou cherchent à identifier ce que la leçon d’introduction révèle de la pratique murétienne de l’enseignement de l’histoire au Studium Romanum (Paolo Renzi). Lucie Claire a le grand mérite d’avoir pris en compte l’ensemble de l’œuvre murétienne et notamment de nombreux documents manuscrits inédits pour la plupart d’entre eux, qui proviennent de la bibliothèque privée de l’humaniste. Grâce aux notes de lecture consignées dans les carnets de Muret et à ses exemplaires personnels annotés, elle reconstitue les étapes et les modalités de l’activité intellectuelle d’un célèbre professeur de la deuxième moitié du XVIe siècle européen et donne accès à une étape fondamentale dans la connaissance de l’historien latin.

Après un chapitre liminaire qui présente la tradition du corpus tacitéen de l’Antiquité à l’édition princeps, la première partie fait le point sur les études qui ont précédé les travaux de Muret, notamment l’édition princeps de Wendelin de Spire et celles de Francescus Puteolanus, Philippe Béroalde, Alessandro Minuziano et Beatus Rhenanus, puis les commentaires d’André Alciat, Beatus Rhenanus, Emilio Ferretti, et Giovanni Ferrerio ainsi que les premières traductions. Lucie Claire cherche à comprendre pourquoi Tacite a éveillé si tard l’intérêt des érudits de la Renaissance et pourquoi la diffusion savante de l’historien antique a été freinée et elle évalue la place de Tacite dans la tradition historiographique et pédagogique.

La seconde partie présente de façon très précise le corpus murétien dont certaines œuvres sont difficiles d’accès, comme les éditions des deux premiers livres des Annales et les volumes possédés par Muret, conservés à la Vaticane, à la Nationale Centrale de Rome ou à la Mazarine. Certains textes font l’objet d’une édition critique annotée et d’une traduction française : c’est le cas des chapitres concernant Tacite dans les Variae Lectiones ou de la leçon inaugurale de Muret dont Lucie Claire analyse la version autographe, contenue dans un manuscrit provenant de la bibliothèque de l’humaniste.

La troisième partie analyse la méthode de critique textuelle de Muret, son usage des arguments externes, son goût pour la conjecture, son attention à la uenustas du discours et aux usages tacitéens, sa conception polémique de la philologie et son intégration dans une sodalitas. Elle évalue sa contribution à l’amélioration du texte des Annales sur la base de cinquante corrections. Elle étudie ensuite la façon dont Muret réhabilite l’historien latin et réfute ses détracteurs en répondant notamment à l’accusation d’immoralité de son œuvre. Revendiquant l’originalité de Tacite dont il fait un modèle d’elegantia et un alter ego, il plaide pour une imitation souple des écrivains de l’autorité. Enfin, Lucie Claire dégage les lignes directrices de la réflexion de Muret sur la nature de l’histoire en lien avec l’émergence du tacitisme.

Suivent une analyse de la réception des travaux de Muret, notamment au sein de la Compagnie de Jésus ; une riche bibliographie et un précieux index, nominum et locorum.

Virginie Leroux

Source : Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°20 (décembre 2022) de la SEMEN-L (p. 43).

Dignité des Artes : promotion et évolution des arts libéraux de l’Antiquité à la   Renaissance. Sous la direction de Alice Lamy, Anne Raffarin et Émilie Séris, Editions Honoré Champion, collection Colloques, congrès et conférences – le Moyen Âge, n° 30, Paris, 2022, 380 p., 1 vol., broché, 15,5 x 23,5 cm. ISBN 978-2-7453-5750-2.

Dignité des Artes : promotion et évolution des arts libéraux de l’Antiquité à la   Renaissance. Sous la direction de Alice Lamy, Anne Raffarin et Émilie Séris, Editions Honoré Champion, collection Colloques, congrès et conférences – le Moyen Âge, n° 30, Paris, 2022, 380 p., 1 vol., broché, 15,5 x 23,5 cm. ISBN 978-2-7453-5750-2.

Les interrogations actuelles sur la place des Humanités dans l’enseignement et dans la recherche invitent à réfléchir sur leur origine et sur leur histoire. L’objet des rencontres qui se sont tenues en mars et octobre 2019 au château d’Écouen et à la Sorbonne était de retracer quelques grandes étapes de la promotion et de l’évolution des artes de l’Antiquité à la Renaissance. En effet, la notion d’ars émerge progressivement dès l’époque hellénistique pour aboutir au système des sept arts libéraux à la fin de l’Antiquité. Régulièrement repensé au cours du Moyen Âge, le cycle des sept arts se voit bouleversé : la philosophie dispute à la théologie son ancien primat, comme élément unificateur des disciplines. À côté d’elles, la médecine et le droit se constituent au cœur du débat sur la classification des sciences et sur leur utilité. L’Humanisme, en affirmant la place centrale de l’Homme dans l’univers, a encore enrichi les artes d’une dignité nouvelle, reflet de la dignitas hominis, et a valorisé des disciplines spéculatives comme la philosophie, rationnelles comme la grammaire, la rhétorique et la poésie, ou pratiques comme l’architecture, la peinture et la sculpture.

Source : Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°20 (décembre 2022) de la SEMEN-L (p. 44).

Échanges épistolaires autour de Pétrarque et Boccace. Sous la direction de Sabrina Ferrara. Editions Honoré Champion, collection Le Savoir de Mantice, n° 31, 2021. 456 p., broché, 15,5 x 23,5 cm. ISBN 978-2-7453-5738-0.

Échanges épistolaires autour de Pétrarque et Boccace. Sous la direction de Sabrina Ferrara. Editions Honoré Champion, collection Le Savoir de Mantice, n° 31, 2021. 456 p., broché, 15,5 x 23,5 cm. ISBN 978-2-7453-5738-0.

Les études recueillies dans ce volume constituent la synthèse des échanges, dans un esprit de dialogue humaniste, que certains parmi les plus éminents spécialistes de Pétrarque et de Boccace ont eus au Centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR) de Tours en juin 2019. Le point de départ a été de vouloir faire le point sur les caractères et les rapports épistolaires entre les deux écrivains dont il nous reste un nombre inégal de missives, d’une tonalité fort hétérogène. Luca Marcozzi, Gabriella Albanese, Paolo Pontari, Marco Petoletti, Paolo Rigo et Marco Ariani se sont penchés sur ces aspects. À partir des deux auteurs, l’attention s’est naturellement déplacée vers leurs réseaux culturels, politiques mais aussi familiaux qui ont été explorés par Ilaria Tufano, Loredana Chines, Paolo Viti, Enrico Fenzi, Marco Cursi, Laura Regnicoli, Elsa Filosa, Igor Candido, Marco Veglia et Monica Berté.

La perspective résolument transversale, philologique, paléographique, littéraire et historique qui traverse ces études permet ainsi d’avoir une vision plus composite des relations entre les deux sodales par rapport au traditionnel aperçu Pétrarque magister/Boccace discipulus, et en même temps plus complète de leurs correspondants.

Source : Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°20 (décembre 2022) de la SEMEN-L (p. 44).

Janus Pannonius, Épigrammes. Traduites et annotées, avec le texte latin en regard, par Etienne Wolff, Peeters Publishers, collection Latomus, volume 365, Bruxelles, 2021. 379 p., ISBN 978-90-429-4546-3.

Janus Pannonius, Épigrammes. Traduites et annotées, avec le texte latin en regard, par Etienne Wolff, Peeters Publishers, collection Latomus, volume 365, Bruxelles, 2021. 379 p., ISBN 978-90-429-4546-3.

Janus Pannonius (1434-1472), poète hongrois de langue latine, a été envoyé très jeune à Vérone pour étudier auprès de Guarino. C’est en Italie qu’il compose une bonne partie de sa production poétique. De retour en Hongrie, il est fait évêque puis chancelier par le roi Mathias Corvin. Ses Épigrammes sont certainement son œuvre la plus intéressante. Ces 456 pièces, dont il n’a pas organisé lui-même la publication, abordent des sujets variés ; une majorité d’entre elles est de nature satirique.

Dans cette édition, œuvre d’E. Wolff, le texte latin est emprunté, avec quelques corrections, à l’édition de Mayer (Budapest, 2006). La traduction est entièrement originale. L’annotation est conçue de telle sorte que l’ouvrage puisse être accessible à un public cultivé qui dépasse le seul cercle restreint des érudits.

Pannonius, au-delà de ses qualités littéraires, est intéressant par l’éclairage nouveau qu’il apporte sur l’Italie et la Hongrie du XVe siècle, et sur le premier humanisme.

Source : Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°20 (décembre 2022) de la SEMEN-L (p. 45).

Émilie SÉRIS, Solus homo nudus, solum animal sapiens. Théories humanistes du nu (XVe-XVIe siècles), Turnhout, Brepols, 2021 (Florence Vuilleumier Laurens)

Émilie SÉRIS, Solus homo nudus, solum animal sapiens. Théories humanistes du nu (XVe-XVIe siècles), coll. « HΦR. Philosophie hellénistique et romaine », Turnhout, Brepols, 2021, 499 p. + 31 planches couleur.

Pendant du colloque organisé et publié par la même autrice — dont nous ne parlerons pas : Le Nu dans la littérature de la Renaissance, coll. « Renaissance » 36, Tours, P.U. François-Rabelais, 2022, 288 p. : autour de quatre aspects principaux illustrant la question (Modèles figurés, Modèles littéraires, Misères et dignité de l’homme, Éros Pan et Hyménée et la Fabrique du nu), le riche et savant ouvrage présenté ici a l’ambition d’en dégager la complexité des fondements théoriques.
L’Avant-propos rend hommage au De Corporis humani harmonia (1555) de Jean Lyège — adaptation versifiée du traité de physiologie de Galien (De usu partium) —, sorte de pierre milliaire qui marque l’hermeneutical turn du Concile de Trente (e.g. les traités de Jan van der Meulen) mettant globalement terme à l’Humanisme militant de la dignitas hominis. L’introduction (64 p.), atteste, en particulier, que l’adjectif substantivé absent du latin classique émerge de façon technique au livre II du De Pictura (1435) de Leon Battista Alberti, lorsqu’il s’agit de peindre un nu (in nudo pingendo) en recouvrant de peau et de chair les os et les muscles — inversant paradoxalement la dénudation du corps par un « vêtement » le rendant propre à être représenté et pensé dans son existence terrestre. Les trattatisti postérieurs reprendront le schéma d’habillage du nu. Celui-ci est analysé sous les trois corps d’une ambitieuse architecture dont les sources anciennes constituent les fondements :

D’abord la Symétrie (microcosme), source de l’harmonie du corps selon les Anciens (Vitruve), se prolonge à la Renaissance avec Cennini, Ghiberti, Alberti etc. pour aboutir à Léonard ; le néoplatonisme ficinien propage l’influence du Timée, qui « harmonise » à son tour les traités postérieurs de Gauricus à Dürer (commensus, diuina proportio, concordia…) ; mais c’est sans compter l’influence de l’enseignement padovan d’Aristote, selon qui la beauté s’adoucit loin de la splendeur par l’union de la belle ordonnance des parties avec la couleur, sous la bannière d’un Nifo, puis Pino, Dolce et Vincenzo Danti (106 p.).
Ensuite l’Anatomie (organisme) : partant des théories médicales antiques d’Hippocrate à Galien, dont se séparera l’exercice du corps (hygieia), illustré en 1569 par le De arte gymnastica de Mercuriale ; cependant un tel détachement, propice à la représentation de l’extérieur du corps (fabrique), ne saura se faire sans retrouver, somme toute, ce que sera la compositio membrorum albertienne (De Pictura, II, 37-38), suivi par Ghiberti, Léonard, Vasari : belle machine ! (Cellini, Danti). L’agencement des membres et les exercices autorisent le mouvement du corps, local par la sensation et le désir propre à l’animal (plus la faculté de représentation humaine), réalisation de la puissance dans la chose, dont on appréciera la variété (Alberti, Léonard, Gauricus, Vasari), la disposition (contraposto, moderatio, ponderazione), le status obliquus pour aboutir à la serpentine. Le corps nu (en mouvement ou non) ne saurait être privé de la grâce, qu’il soit jeune ou âgé, fin ou musclé, agréable ou effrayant (terrible) en raccourci ou plongé dans le chiaroscuro : ce que les toujours mêmes traités rêveront être accompli au sein d’une aurea mediocritas (118 p.).
Enfin, la Physiognomonie (signe de l’âme) poursuit le même cheminement depuis l’Antiquité, puisque l’expression (tirée du De morbis d’Hippocrate) retenue ici est celle des Physiognomonica du Ps.-Aristote, adaptées en latin (après Polémon-Adamantius) au XIIIe siècle ; la Renaissance en dégagera la peinture des caractères dans la mesure où l’état de l’âme modifie l’état du corps et d’abord en suivant une méthode zoologique fixant des types permanents (Léonard : uomo bestiale ; La Porta : timidus/fortis uir) ; une seconde méthode dite « ethnologique » use des caractéristiques somatiques des races humaines et des peuples (Gauricus, Dürer), anticipant l’Examen de Ingenios de Huarte (1603) ; troisième : la comparaison des sexes (Gauricus, Pino) ; quatrième : éthologique (πάϑημα) introduisant (e.g. Gauricus, De sculptura) à l’expression des passions depuis les pertubationes animi d’Alberti et les accidenti mentali de Léonard jusqu’aux passions portées par la force émotionnelle suscitée par la couleur ; ainsi pour le coloris de la chair : teint chez les Anciens, mais chez les Italiens la vaghezza, la morbidezza ordonnées par la regola del colore chez un Lomazzo (119 p.).
En conclusion, les traités humanistes sur l’art élaborent un concept du nu tripartite (corps/esprit/âme) mais unifié par le mouvement au sein de la figure humaine selon les catégories (statuts) de forma, figura et species. Suivent une bibliographie sélective et de belles illustrations en couleur. Le lecteur diligent pourra regretter l’absence d’un Index nominum — mais le volume de l’ouvrage explique cela.

Florence Vuilleumier Laurens

Source : Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°20 (décembre 2022) de la SEMEN-L (p. 45-46).

Colloque Metaphysica Paupera. La spéculation métaphysique humaniste (XIVe-XVIe siècles) – Tours

AFF-COLL-METAPHYSICA (5)

Colloque Metaphysica Paupera. La spéculation métaphysique humaniste (XIVe-XVIe siècles) – Tours

15-17 juin 2022
Tours, CESR – Salle Rapin
& en distanciel

Lien de connexion

organisé par
Fosca Mariani Zini
& Christian Trottmann
(CESR , Université de Tours)

Contact – Marie-Laure Masquilier
marie-laure.masquilier@univ-tours.fr

Programme :

PROG-COLL-METAPHYSICA-WEB (1)