Aux marges de l’encyclopédie : circulation des savoirs de l’Antiquité à l’âge de l’Humanisme, sous la direction de Thibault Miguet et Anne Raffarin

La SEMEN-L a le plaisir d’annoncer la parution d’un ouvrage sous la direction de Thibault Miguet et Anne Raffarin, Aux marges de l’encyclopédie : circulation des savoirs de l’Antiquité à l’âge de l’Humanisme, chez Honoré Champion dans la collection « Colloques, Congrès et Conférences » – série Le Moyen Âge (n° 33), auquel ont aussi contribué d’autres membres de notre Société.

Voici le faire-part de présentation de l’ouvrage par les éditions Honoré Champion (cliquez ici pour le télécharger) :

Aux marges de l’encyclopédie – présentation éditeur

Version en texte clair

L’encyclopédisme peut apparaître comme la réalisation d’un rêve : celui d’un savoir universel. Pourtant, autour de ce rêve existent des zones de turbulence où le rêve se heurte à de multiples obstacles, entre autres, l’existence de champs concurrents. Ce volume s’intéresse aux troubles à l’ordre encyclopédique, au développement de savoirs dans un cadre qui échappe à ce bel ordonnancement, de l’Antiquité à la Renaissance, époque où Rabelais emploie pour la première fois le substantif « encyclopédie ».

Le parcours dans les marges, que ce volume prend le risque d’emprunter, présente, entre autres, l’intérêt de considérer à la fois ouvrages scientifiques et littéraires, trop souvent disjoints voire opposés, dans une perspective de transmission des connaissances. Cette exploration met en lumière la fécondité d’un espace dans lequel se construisent des savoirs qui sont tout sauf marginaux.

Les études qui composent ce volume ont été réunies à l’issue du colloque international qui s’est tenu à l’Université Paris-Est Créteil du 17 au 19 mars 2022.

Thibault Miguet est maître de conférences en langue et littérature grecques à l’Université Paris-Est Créteil. Il est spécialiste de l’histoire et de la transmission de la médecine grecque, byzantine et arabe, ainsi que de l’histoire des textes et des savoirs.

Anne Raffarin est professeur de langue et littérature latines à l’Université Paris-Est Créteil. Elle est spécialiste de la littérature humaniste et plus particulièrement de l’organisation d’un savoir sur l’Antiquité à la Renaissance.

Ont également contribué à ce volume : Scott W. Blanchard, Morgane Cariou, Eva Falaschi, Catherine Gaullier-Bougassas, Nathalie Gorochov, Baptiste Laïd, Alice Lamy, Valérie Naas, Sylvie Rougier-Blanc, Luigi-Alberto Sanchi, Andrea Severi.

Colloques, Congrès et Conférences – Le Moyen Âge

Collection fondée par Jean Dufournet, dirigée par Jeanne-Marie Boivin et Michèle Guéret-Laferté

Cette collection accueille des ouvrages collectifs, des actes de congrès ou de colloques, des conférences.

 

Table des matières

Thibault MIGUET, Anne RAFFARIN
INTRODUCTION 7

DIRE LE MONDE DANS L’ANTIQUITE

Eva FALASCHI et Valérie NAAS
LES ŒUVRES MONUMENTALES DANS L’ANTIQUITE :
L’APPRÉHENSION GLOBALE DU SAVOIR AVANT L’ENCYCLOPÉDIE 19

Morgane CARIOU
L’INVENTAIRE DU MONDE DANS LA POESIE GRECQUE D’ÉPOQUE IMPÉRIALE 35

Sylvie ROUGIER-BLANC
LES DEIPNOSOPHISTES D’ATHÉNÉE ET LA COLLECTION DE SAVOIRS SOUS LES SEVERES : UN PROJET HORS NORME ? 65

COMPILER ET FAIRE CIRCULER LES SAVOIRS AU MOYEN ÂGE LE DEBAT ENTRE LA THEOLOGIE ET LA PHILOSOPHIE

Nathalie GOROCHOV
COMPILER LES SAVOIRS DANS L’UNIVERSITE MEDIEVALE :
AUTEURS ET FORMES DE LA PRODUCTION (XIIe-XIIIe SIÈCLE) 83

Alice LAMY
LA FELICITE DE L’HOMME ACCOMPLI SELON ALBERT LE GRAND (1200-1280). ÉTUDE COMPAREE DU MODELE SCOLASTIQUE D’INSTRUCTION UNIVERSEL ET DE L’INTENTION ENCYCLOPEDIQUE AU XIIIe SIÈCLE 97

Baptiste LAÏD
LA FORMATION DE L’HOMME INSTRUIT : LE PROGRAMME ET LA MÉTHODE D’ENSEIGNEMENT DE LA DISCIPLINA CLERICALIS ET DE SES CONTINUATIONS FRANÇAISES 115

Catherine GAULLIER-BOUGASSAS
LA NAISSANCE DE LA PHILOSOPHIE GRECQUE SELON LA CHRONIQUE DITE DE BAUDOUIN D’AVESNES ET LE MIROIR HISTORIAL : ÉCRITURE HISTORIQUE ET TENTATION DE L’ENCYCLOPÉDISME 133

Thibault MIGUET
DEMEMBRER L’ENCYCLOPEDIE. LES MANUSCRITS D’EXTRAITS DU VIATIQUE DU VOYAGEUR D’IBN AL-ǦAZZĀR 153

L’HUMANISME : DIALOGUE ENTRE LES SAVOIRS ET RECONSTRUCTION DU SENS

Anne RAFFARIN
LES JOURS DE FÊTE D’ALESSANDRO ALESSANDRI : DES NUITS ATTIQUES HUMANISTES 173

Luigi-Alberto SANCHI
LES SOURCES ENCYCLOPEDIQUES DES PROJETS ERUDITS DE GUILLAUME BUDE 197

Laurence BOULÈGUE
REFONTE DES SAVOIRS ET RECONSTRUCTION DU SENS DANS LES INTRODUCTIONS DE CRISTOFORO LANDINO A L’ŒUVRE DE VIRGILE 209

ANDREA SEVERI
I 565 «PERCHE» DEL MEDICO BOLOGNESE GIROLAMO MANFREDI (1474) 221

W. SCOTT BLANCHARD
GIANFRANCESCO PICO DELLA MIRANDOLA AND THE BONFIRE OF THE HUMANITIES 237

TABLE DES MATIERES 285

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE 255

INDEX NOMINUM 279

TABLE DES MATIERES 283

Interpréter et traduire le vocabulaire scientifique : promenades philologiques – IRHT – Campus Condorcet Aubervilliers

Plus d’informations sur le site de l’IRHT

  • 9h30-9h45: Ouverture (François BOUGARD) ; introduction (Jean-Charles COULON et Marie CRONIER)
  • 9h45-10h20 : Jean-Pierre ROTHSCHILD (IRHT, Section latine et Section hébraïque), Enjeux de la dénomination des disciplines et de leurs praticiens en hébreu au Moyen Âge

À la faveur de travaux sur les traductions scientifiques, le vocabulaire hébreu spécialisé des disciplines a fait l’objet de maints glossaires ou études (en logique, astronomie, médecine, botanique, philosophie morale). Cependant, des termes-clefs de la désignation des disciplines mêmes ne sont pas cernés avec précision : reçus comme allant de soi ou au contraire perçus comme engageant des questions complexes de définition et de hiérarchie des savoirs. Il sera question ici de ḥokhmah, «science» ou «sagesse» / ḥakham, «savant ou sage» ; de l’adjectif kollel «général», en référence aux universaux (au Moyen Âge) ou à une totalité des savoirs (à la Renaissance) ; d’elahut, «divinité», «métaphysique» ou «théologie» / elohi, «divin», etc. ; de pilosof et de mitpalsef, «celui qui prétend philosopher».

  • 10h20-10h55 : Iolanda VENTURA (Università di Bologna), Une traduction qui n’en est pas une : le point sur le corpus du Ps.-Mésué.

Le corpus du Ps.-Mésué fait son entrée dans la culture médicale occidentale au milieu du XIIIe siècle. Présenté comme une traduction de l’arabe produite en Égypte par les soins (ou sous le mécénat) d’un Magister Flodus de Sorrento, il connaît un succès rapide. Aucun original arabe n’a pas pu être découvert jusqu’à présent. Le but de ma communication est de reprendre quelques indices tirés du contenu et du langage technique relatif à la pharmacopée et à la pharmacie pour essayer de faire le point sur la possible identification, à défaut de l’original, d’œuvres similaires, et de comprendre la nature – traduction d’un texte ou assemblage de matériaux – du corpus du Ps.-Mesué.

10h55-11h25 : Pause

  • 11h25-12h00 : Isabelle DRAELANTS (IRHT, Section latine), Le vocabulaire de l’entomologie médiévale, ses termes génériques et ses néologismes.

Créditée d’immobilisme, l’entomologie médiévale n’a pour ainsi-dire pas fait l’objet de recherches. Il est un fait que le vocabulaire, assez rare, désignant les vermes n’a pas beaucoup évolué entre les Étymologies d’Isidore de Séville (622) et de début du XIIIe siècle. Les encyclopédies naturalistes du milieu du XIIIe siècle accompagnent par un accroissement important des espèces nommées la nouvelle diffusion de l’Histoire naturelle de Pline et la redécouverte de la Zoologie d’Aristote dans la traduction arabo-latine de Michel Scot. Celle-ci introduit des substituts – annulosa et rugosa – à la place d’insecta pour désigner les « petits animaux segmentés ». Le changement s’accentue avec l’assimilation de l’Abbreviatio super librum De animalibus d’Avicenne (du même traducteur), observée surtout chez Albert le Grand. Dans une volonté explicative typique de la philosophie naturelle, le dominicain adopte les nomenclatures élargies des encyclopédistes et les néologismes du traducteur d’Aristote et d’Avicenne. On se propose de faire rapidement l’histoire de cette évolution, en soulignant l’élargissement du regard sur les insectes à partir de 1200 et l’arrivée dans le paysage entomologique de quelques nouveaux mots qui n’auront pas toujours le succès qu’ils auraient mérité.

  • 12h-12h35: Jean-Patrice BOUDET (Université d’Orléans), La naissance du vocabulaire astronomico-astrologique en ancien français : quelques remarques

Vers 1270, sont élaborées les premières traductions en français de traités d’astronomie et d’astrologie (une huitaine de textes, dont trois traduits du latin et cinq de l’hébreu), une remarquable compilation relevant de la science des étoiles, L’introductoire d’astronomie, et les plus anciennes tables astronomiques en français accompagnées de leurs canons. Après une rapide description de ce corpus en grande partie inédit et du contexte dans lequel il s’inscrit, on examinera dans sa diversité le nouveau vocabulaire technique qui y est employé et sa postérité différentielle.

12h35-14h15 : Déjeuner

  • 14h15-14h50 : Marie CRONIER (IRHT, Section grecque), Un lexique trilingue de la pharmacopée (grec, latin, arabe) : le Breviarium de Stéphane d’Antioche.

Originaire de Pise et installé à Antioche dans les années 1120, Stéphane y traduit de l’arabe en latin sous le nom de Regalis dispositio la grande encyclopédie médicale connue comme le   d’Al-Mağūsī. En annexe, il ajoute un Breviarium, lexique alphabétique des termes de la pharmacopée organisé en trois colonnes (grec, arabe, latin) et encore inédit. La présente communication s’intéressera à la façon dont ce lexique a été constitué et tentera d’identifier ses sources, pour apporter une nouvelle pièce à l’étude du multiculturalisme et du multilinguisme à Antioche au XIIe siècle.

  • 14h50-15h25 : Thibault MIGUET (Université de Paris-Est Créteil), Traduire en grec le vocabulaire médical arabe dans la Sicile du XIIe siècle : l’exemple du Viatique du voyageur d’Ibn al-Ǧazzār.

La traduction grecque de l’encyclopédie médicale arabe du Viatique du voyageur a été effectuée en Sicile, probablement autour du début du XIIe siècle. Il s’agit d’une traduction très littérale qu’il n’est par moments par possible de comprendre sans l’aide du texte arabe. Elle pose donc des problèmes intéressants de traductions de mots (concepts médicaux, maladies). Nous nous concentrerons sur la traduction du vocabulaire de l’imagination, et nous interrogerons sur l’emploi occasionnel de termes grecs très rares (hapax ou quasi-hapax, mots littéraires), qui détonnent dans cette traduction apparemment très fruste de l’arabe.

15h25-15h55 : Pause

  • 15h55-16h30 : Jean-Charles COULON (IRHT, Section arabe), Le Kitāb al-Aḥjār (Livre des pierres) attribué à Aristote du Moyen Âge aux études orientalistes.

L’identification des pierres est une difficulté des textes scientifiques médiévaux. Un nom arabe peut, selon le contexte, désigner plusieurs pierres, comme deux noms peuvent désigner la même pierre. De là, les lapidaires sont particulièrement importants pour notre connaissance de la minéralogie. C’est en ce sens que l’apocryphe Kitāb al-Aḥjār (Livre des pierres) attribué à Aristote a été abondamment étudié dans les études orientalistes.

Inscription obligatoire :

https://www.irht.cnrs.fr/fr/agenda/journee-thematique/interpreter-et-traduire-le-vocabulaire-scientifique-promenades/inscription

Programme_Journée-Thématique 2022