Pomel Fabienne et Van de Meeren Sophie (dir.), Philosophie et fiction de l’Antiquité tardive à la Renaissance, Leuven, Peeters publishers, Collection Synthema, n°12, 2021

Pomel Fabienne et Van de Meeren Sophie (dir.), Philosophie et fiction de l’Antiquité tardive à la Renaissance, Leuven, Peeters publishers, Collection Synthema, n°12, 2021, 358p.

Quels étaient les représentations et enjeux de la philosophie et de la fiction, leurs échanges, interactions et zones frontières de l’Antiquité tardive jusqu’à la Renaissance ? La fiction peut apparaître comme l’envers de la vérité. Elle n’en est pas moins une forme de recherche de vérité, savoir ou sagesse : Augustin, Macrobe, Martianus Capella ou Boèce, puis les poèmes allégoriques latins du XIIe siècle, les encyclopédies du XIIIe siècle, suivies par des œuvres allégoriques écrites dans le milieu de la cour de Charles V et Charles VI ou encore par Ficin problématisent le statut de la fiction : quelle est sa légitimation philosophique ? Quels sont les rapports entre philosophie et arts libéraux, philosophie et poétique, philosophie et théologie ? Les contributions interrogent le lexique et l’arrière-plan philosophique. Elles examinent aussi les moyens de la fiction pour mettre en œuvre un projet herméneutique et heuristique fécond : la personnification, la prosopopée, les modèles narratifs (banquet ou voie) ou le cadre dialogique.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°19 (2021) de la SEMEN-L (p. 74-75).

Danièle James-Raoul et Françoise Laurent (dir.), Poétiques de l’octosyllabe, Paris, Champion (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge), 2018 (Émilie Séris)

Danièle James-Raoul et Françoise Laurent (dir.), Poétiques de l’octosyllabe, Paris, Champion (Colloques, congrès et conférences sur le Moyen Âge), 2018.

Issues de journées d’études organisées à l’Université Bordeaux Montaigne et à l’Université Clermont Auvergne en 2012 et en 2014, les vingt-deux études réunies par Danièle James-Raoul et Françoise Laurent constituent un apport important dans le domaine de la métrique médiévale. L’ouvrage est centré sur un mètre particulier, l’octosyllabe, dont l’apparition marque à plusieurs égards une véritable révolution littéraire. Il se distingue en effet à la fois des vers latins en se fondant sur l’élément de la syllabe et non plus sur la quantité et d’autres vers comme le décasyllabe ou l’alexandrin en raison de l’absence de césure fixe. De plus, sa simplicité et son évidence lui permettent de s’adapter à une grande variété de contenus didactiques ou fictionnels. Employé dans la chanson de geste comme dans le roman, ce mètre est aussi au cœur de l’opposition entre les pratiques de la psalmodie ou du chant et celles de la diction ou de la lecture, entre lyrisme et narration.

Le livre est composé de cinq parties : il retrace d’abord la genèse de l’octosyllabe des origines latines à la naissance romane, puis analyse la mise en œuvre de ce « vers à tout faire » dans des textes variés et parfois atypiques (Gormont et Isembart, le Roman de Rou de Wace, le Jardin de Plaisance, Lion de Bourges), les recherches formelles et stylistiques dont il a fait l’objet chez certains auteurs (Roman d’Eneas, Continuation du roman de Partonopeu de Blois, Registre de Gilles le Muisit, Melyador de Jean Froissard) ainsi que ses emplois au sein des formes fixes médiévales et en particulier du huitain. Il s’intéresse enfin à la fortune de l’octosyllabe du Moyen Âge jusqu’au XXe siècle dans le Roman inachevé d’Aragon ou dans la poésie espagnole contemporaine.

Les médio- et néolatinistes seront particulièrement sensibles aux questions soulevées par la première partie de l’ouvrage sur la continuité et les ruptures entre la lyrique latine et l’octosyllabe. Deux thèses s’affrontent – origine latine ou nordique– entre lesquelles les auteures se gardent de trancher. Si Antoine Foucher voit dans le dimètre ïambique de Plaute, d’Horace, de Sénèque ou d’Ambroise la matrice de l’octosyllabe, Michel Banniard établit des rapports étroits entre la versification des premiers monuments en langue d’oïl et la poésie latine rythmique des VIe-IXe siècles ainsi que la poésie germanique de la même période et Denis Hüe montre l’héritage déterminant de la métrique anglo-normande dans ce « groupe de seize syllabes comportant une rime intérieure » que forme le couplet d’octosyllabes. Elargissant la question de la poétique de l’octosyllabe au style et non seulement aux considérations sur la métrique, Florent Rouillé confirme cependant l’influence de l’art poétique horatien sur l’écriture des romans en octosyllabes adaptés du latin tel le Roman de Thèbes, une transmission dont témoignent les traités médio-latins du XIe et du XIIe siècle.

Ce recueil, par la diversité des approches et des textes étudiés, passionnera tous les spécialistes de poésie.

Émilie Séris (Sorbonne Université Lettres)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 43-44).

Vie d’Isarn, abbé de Saint-Victor de Marseille (XIe siècle) , présentation, édition, traduction et notes par Cécile Caby et alii, Paris, Les Belles Lettres (« Classiques de l’histoire du Moyen Age »), 2010

Vie d’Isarn, abbé de Saint-Victor de Marseille ( XIe siècle) , présentation, édition, traduction et notes par Cécile Caby et alii, Paris, Les Belles Lettres (« Classiques de l’histoire du Moyen Age »), 2010.

Rédigée en latin dans les années 1070, la Vie d’Isarn (mort en 1047), l’un des très rares textes narratifs provençaux de cette époque, met en scène un jeune aristocrate originaire du Languedoc, devenu moine à Saint-Victor de Marseille vers l’an mil. Le récit fait le portrait d’un religieux exemplaire, devenu prieur, puis abbé, dont l’ascèse étonnait ses contemporains, comme Odilon de Cluny. Il campe également un grand seigneur monastique, préoccupé par la défense des droits, des terres et des prieurés de la maison marseillaise, chevauchant à travers la Provence pour protéger ses religieux et les paysans des méfaits de potentats locaux (d’après la notice du site des Belles Lettres).

Cette recension est extraite du Bulletin n°6 de septembre 2010 (p. 12-13).