Virginie Leroux et Émilie Séris (dir.), Théories poétiques néo-latines, Genève, Droz (Texte courant, 6), 2018. (Danièle James-Raoul)

Virginie Leroux et Émilie Séris (dir.), Théories poétiques néo-latines, Genève, Droz (Texte courant, 6), 2018, 1166 p.

On ne peut que se réjouir de la parution de ce beau gros volume tant attendu qui s’inscrit dans le renouveau global des études sur la théorie littéraire ayant marqué les dernières décennies. L’ouvrage dirigé par V. Leroux et É. Séris, auquel ont participé L. Boulègue, A. Bouscharain, S. Conte, L. Hermand-Schébat, Laigneau Fontaine, A.-P. Pouey-Mounou, complète avantageusement des éditions de traités et des études de poétique récentes, notamment proposées par P. Galand-Hallyn et F. Hallyn (dir.), Poétiques de la Renaissance : le modèle italien, le monde franco-bourguignon et leur héritage en France au XVIe siècle, 2001 ; Fr. Goyet (éd.), Traités de poétique et de rhétorique de la Renaissance, 2001 ; J.-Ch. Monferran (dir.), La muse et le compas : poétiques à l’aube de l’âge moderne, 2015).

Il offre une vision synthétique des textes théoriques latins essentiels qui, rédigés depuis le Trecento jusqu’à la fin du XVIe siècle, dans une grande partie de l’Europe (en France, en Italie, en Allemagne et dans les Flandres), ont nourri la poétique de la Renaissance. Outre les arts poétiques néo-latins publiés au XVIe siècle dont des extraits sont donnés (étant donné leur ampleur, il était impensable de les publier intégralement), ont été prises en compte des théories présentes ici et là, parfois éparpillées, parfois regroupées, tous textes emblématiques édités, traduits et présentés.

Le plan en cinq chapitres rend compte des thématiques les plus fréquemment abordées dans les traités. Le premier est consacré à la légitimation de la poésie à laquelle s’attachent principalement les premiers textes théoriques et qui demeure un passage obligé des traités ultérieurs, même quand son importance aura décru, à partir des années 1550 ; cette légitimation est fondamentale dans l’élaboration de la théorie poétique. Le second chapitre traite de l’inspiration : souvent mentionnée à propos de la défense des poètes (leurs dons sont-ils d’essence divine ou sont-ils innés ?), elle a gagné une place autonome et une ampleur particulière en raison de la diffusion du néo-platonisme, de l’astrologie et de la théorie médicale des humeurs. La question de l’imitation, orientée doublement par l’intertextualité et l’écriture de la fiction, occupe le troisième chapitre : il s’agit, d’une part, de déterminer quels modèles antiques imiter et comment les imiter et, d’autre part, de réfléchir à la représentation du réel, à cette mimèsis dont la place s’accroît à mesure que se multiplient les commentaires sur la Poétique d’Aristote. Le quatrième chapitre porte sur les genres poétiques : bien que les questions du mètre et du style soient parfois envisagées séparément, comme chez Scaliger, elles sont le plus souvent liées à celle du genre. Le cinquième et dernier chapitre est consacré aux relations qu’entretient la poésie avec les autres arts : non seulement les théoriciens humanistes élaborent des classifications du savoir au sein desquels il importe de situer la poésie, mais la théorie poétique emprunte en outre copieusement aux théories qui modèlent les autres arts. L’étude de la poétique s’ouvre ainsi sur la perspective plus large des arts libéraux.

L’ouvrage s’achève sur une bibliographie très copieuse (68 p.), quoique limitée aux textes humanistes et aux études critiques portant sur la période de la Renaissance, un Index nominum, un Index des notions très précis (aussi bien des motifs que des termes techniques), qui permettent de circuler aisément dans le volume.

Nul doute que ce bel ouvrage devienne un outil de référence fondamental !

Danièle James-Raoul

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°16 (2018) de la SEMEN-L (p. 44-45).

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Les humanistes ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration de la critique littéraire et la constitution de la poétique comme discipline distincte de la grammaire et de la rhétorique. Ils ont conditionné la réception des traités antiques, en particulier la Poétique d’Aristote et l’Art poétique d’Horace, et ont problématisé des concepts appelés à une grande fortune, comme la mimèsis, la catharsis, le decorum ou l’ut pictura poesis. Ils ont apporté des éléments théoriques originaux, élaboré des taxinomies génériques complexes et repensé les systèmes de classification des arts. Cette anthologie offre une vision synthétique des textes théoriques latins en Europe, du Trecento au XVIe siècle. Elle présente les principaux penseurs et leur art poétique, analyse les notions clefs et propose un choix de textes emblématiques, édités, traduits et contextualisés. Un bel outil de travail pour penser l’utilité de la poésie, la création, l’histoire littéraire et les normes esthétiques.

Cette seconde recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°16 (2018) de la SEMEN-L (p. 46).

Colloques 2014-2015

Retrouvez ci-dessous la liste des colloques pour les années 2014-2015 concernant le latin médiéval et le néo-latin, recensés par la SEMEN-L

– 10-13 septembre 2014, Lyon, Ecole normale Supérieure, « Le sens du temps », 7ème Congrès International de Latin Médiéval organisé par P. Bourgain, (Ecole des chartes, pascal.bourgain@enc.sorbonne.fr ) et J.-Y. Tilliette (Université de Genève, jean-yves.tilliette@unige.ch)
– 2-3 octobre 2014, Caen, Université de Caen, « Tacite et le tacitisme en Europe à l’époque moderne (XVIe- XVIIIe siècle). Ecriture de l’histoire et conception du pouvoir », première partie, Colloque International organisé par A. Oïffer-Bomsel (Université de Reims, alicia.oiffer-bomsel@univ-reims.fr) et A. Merle, (Université de Caen-Basse Normandie, Alexandra.merle@unicaen.fr)

– 9-10 octobre 2014, Dijon, « Savoir vivre et grossièreté à la Renaissance », organisation Sylvie Laigneau-Fontaine, CPTC (EA 4178). Contact : sylvie.laigneau-fontaine@sfr.fr

– 9-11 octobre 2014, Naples, Université Federico II, « Dulcis alebat Parthenope. Memorie dell’antico: mito e territorio nella cultura dell’Accademia Pontaniana », Colloque International organisé par G. Germano (Università degli Studi di Napoli Federico II, germano@unina.it) et Marc Deramaix (Université de Rouen, marc.deramaix@univ-rouen.fr).

-13-14 octobre 2014, Paris, Université Paris IV-Sorbonne, « Morts héroïques, morts infâmes », Deuxièmes rencontres franco-catalanes sur l’Antiquité classique, Colloque international organisé par F. Prost (Paris-Sorbonne, fraprost@yahoo.fr) et F. Mestre (Université de Barcelona, fmestre@ub.edu)

– 18 octobre 2014, Paris, Université Paris IV-Sorbonne, Atelier XVIe siècle, séminaire préparatoire autour des qualifications des figures de l’inspiration. Org. Mireille Huchon.

– 23- 25 octobre 2014, Bordeaux, Université Bordeaux 3, « Les architectures fictives : écriture et architecture de l’Antiquité à nos jours », colloque organisé par R. Robert (Université Bordeaux 3, renaud.robert@u-bordeaux3.fr)

– 24 octobre 2014, Paris 3, Sorbonne, Salle Max Milner, dans le cadre du projet ANR/ERHO, Pour une histoire des commentaires humanistes d’Horace : Le discours et la méthode. Contact : nathalie.dauvois@univ-paris3.fr

– 25 octobre 2014, Paris 3, Sorbonne, Salle Max Milner, Journée d’étude sur Francesco Robortello. Contact : bouquet.monique@gmail.com

-14 novembre 2014, Paris, Université Paris IV-Sorbonne, « Artium scriptores : les classiques de la discipline. Étude de l’autorité dans les arts libéraux », journée d’étude organisée par J.B. Guillaumin (Université Paris IV-Sorbonne, jean-baptiste@guillaumin.eu)

– 29-30 janvier 2015, Lille 3, Journées d’études sur les qualifications des figures de l’inspiration, co-organisation M. Huchon et Anne-Pascale Pouey-Mounou.

– mars 2015, Lille 3, séminaire doctoral « Un enthousiasme communicatif : la circulation des émotions dans la pensée, les lettres et les arts en Europe, de la Renaissance aux Lumières », co-organisation Anne-Pascale Pouey-Mounou, C. Jacot-Grapa et C. Cederna

– 18-20 mars 2015, Reims, CRIMEL (EA 3311), Colloque international « Les Métamorphoses de Virgile : réception de la figure de l’auctor (Antiquité, Moyen Age, Temps modernes). Coordination Karin Ueltschi et Jean-Louis Haquette.

– 26-28 mars 2015, Berlin, 61e Congrès annuel de la Renaissance Society of America

– 9-11 avril 2015, Paris, BNF et INHA, Colloque « François Ier imaginé. 1515-1547 », co-organisé par l’association RHR et la SFDES.

– 12-13 mai 2015, Paris, Université Paris IV-Sorbonne, « Angelo Poliziano. Poesia, filologia, fortuna », Colloque International organisé par H. Casanova-Robin (Université Paris IV-Sorbonne, casanova-robin@club-internet.fr) et P. Viti (Università del Salento)

– 27-29 mai 2015, Paris, EPHE, La poésie à l’âge de l’éloquence. La qualité de l’expression dans les poétiques et les poèmes latins et français entre 1549 et 1639, org. P. Galand (EPHE), C. Barbafieri (U Valenciennes/ IUF), J.Y. Vialleton (Grenoble 3) et V. Leroux (Reims/IUF).

– 4-6 juin 2015, Valence, Université de Grenoble 3, « Forme du texte latin au Moyen Age et à la Renaissance », IVe congrès de la SEMEN-L, organisé par M. Furno (Université de Grenoble 3, Martine.Furno@u-grenoble3.fr), C. Louette Université de Grenoble 3, Christiane.Louette@u-grenoble3.fr) et V. Méot-Bourquin (Université de Grenoble 3, Valerie.Meot-Bourquin@u-grenoble3.fr)