Revest Clémence, Romam veni. Humanisme et papauté à la fin du Grand Schisme, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2021

Revest Clémence, Romam veni. Humanisme et papauté à la fin du Grand Schisme, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2021, 424p.

Cet ouvrage met en pleine lumière un moment décisif mais relativement méconnu de la naissance du mouvement humaniste dans l’Italie du début du Quattrocento : ce n’est pas à Florence, mais à la cour des papes revenue à Rome que s’épanouit et s’affirme une nouvelle génération d’intellectuels, au sein d’un milieu cosmopolite, travaillant dans l’administration pontificale et au service des élites ecclésiastiques. Et c’est dans un contexte de crise profonde, le Grand Schisme d’Occident, que la papauté s’ouvre à l’idéal d’une Renaissance. Au fil d’une enquête croisant sources d’archives et œuvres littéraires, l’histoire de ce tournant est retracée, de l’afflux de jeunes lettrés en quête de fortune dans une institution divisée, aux débuts d’une révolution rhétorique et idéologique.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°19 (2021) de la SEMEN-L (p. 74).

Les Labyrinthes de l’esprit. Collections et bibliothèques à la Renaissance – Renaissance libraries and collections, sous la direction de Rosanna Gorris Camos & Alexandre Vanautgaerden, Genève, Bibliothèque de Genève-Droz, 2015. (Olivier Pédeflous)

Les Labyrinthes de l’esprit. Collections et bibliothèques à la Renaissance – Renaissance libraries and collections, sous la direction de Rosanna Gorris Camos & Alexandre Vanautgaerden, Genève, Bibliothèque de Genève-Droz, 2015, 673 p.

Ce volume rassemble 19 contributions sur les bibliothèques de la Renaissance, autour de l’axe franco-italien, à l’initiative de la FISIER. Les contributions de ce volume sont souvent l’occasion de reprendre les dossiers de reconstitutions de bibliothèques importantes, celles de François Rasse des Neux et Desportes par Jeanne Veyrin-Forrer et Isabelle de Conihout, ou plus anciennement les travaux d’Abel Lefranc et Pierre Villey pour Rabelais et Montaigne. Les manuscrits et imprimés de ces bibliothèques sont à dominante latine. Le volume s’ouvre sur la naissance de bibliothèque : la contribution d’Harald Hendrix sur l’aspect matériel des lieux de conservation des livres en Italie (villas, musées) donne une intéressante mise en espace des livres, tandis que Pierre Delsaerdt analyse les débuts de la bibliothèque publique d’Anvers (1608-1609) à l’ombre de l’Ambrosiana. Claude La Charité fait le point sur la bibliothèque hippocratique de Rabelais, Romain Menini sur son « dernier Plutarque ». Celle de Montaigne, rassemble, parfois en plusieurs éditions, les classiques, Plutarque, César, Térence, en latin et grec. On compte 101 unités bibliographiques aujourd’hui localisées (sur un total approximatif de 1000 volumes) (voir I de Smet, A. Legros ; voir aussi B. Pistilli, M. Sgattoni, M-.L Demonet). Les « bibliothèques encyclopédiques » de la deuxième moitié du XVIe siècle sont largement étudiées. Gian Vincenzo Pinelli possédait un imposant massif de 700 manuscrits (sur un total de 9013 unités), dominé largement par le latin dont au moins trois manuscrits de la famille Bembo à l’Ambrosiana. I. de Smet approfondit le dossier de la bibliothèque de Thou (6000 unités, correspondant sans doute à 9000 titres. David Lines s’attache à reconstituer sur inventaire la bibliothèque aristotélicienne d’Aldrovandi. Pour Philippe Desportes, dont I. de Conihout a repéré une quarantaine de manuscrits, F. Rouget ajoute plusieurs volumes importants. D. Bjaï étudie la bibliothèque d’Etienne Pasquier, essentiellement à partir de sa correspondance. L’étude d’Eva del Soldato sur les bibliothèques de Simone Porzio et Benedetto Varchi se veut un examen des cas de bibliothèques évanouies. À l’exception de la bibliothèque de Pinelli, hors normes, c’est en milieu courtisan, à la cour de Savoie, que le manuscrit est le mieux attesté comme en témoigne l’étude de R. Gorris sur les livres rescapés et perdus dans l’incendie de la BN de Turin en 1904. Le volume se clôt sur d’importants outils : une bibliographie générale exhaustive et un index très détaillé inventoriant les noms d’auteurs, de personnages, d’imprimeurs, de villes et aussi les titres des livres manuscrits et imprimés.

Olivier Pédeflous

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°14 (2016) de la SEMEN-L (p. 20).

Girolamo Mercuriale, Johann Crato von Krafftheim, Une correspondance entre deux médecins humanistes, introduction, notes et traduction Jean-Michel Agasse, établissement du texte latin Concetta Pennuto, Genève, Droz, 2016. (Brigitte Gauvin)

Girolamo Mercuriale, Johann Crato von Krafftheim, Une correspondance entre deux médecins humanistes, introduction, notes et traduction Jean-Michel Agasse, établissement du texte latin Concetta Pennuto, Genève, Droz, 2016.

J. M. Agasse et C. Pennuto offrent au lecteur la correspondance entre deux médecins de la Renaissance, le jeune G. Mercuriale, à l’aube de sa carrière, et J. Crato, plus âgé, médecin des Habsbourg. Pendant douze ans, les deux hommes échangent soixante-dix missives, traitant de tout, beaucoup de médecine et du statut du médecin, mais aussi de leur santé, de leurs lectures, des inconvénients de la vie de cour, de leurs contemporains et des caprices de la poste, qui n’achemine pas toujours à bon port les missives et les biens qu’échangent les deux hommes. La correspondance, à la fois professionnelle et familière, est parfaitement amenée par une introduction de J.-M. Agasse qui, en plus de présenter le contexte social et culturel des échanges, en analyse tous les aspects, techniques et littéraires. Un riche appareil de notes élucide les difficultés tant pour le texte, scrupuleusement établi par C. Pennuto, que pour la traduction, par ailleurs très alerte. On trouvera à cette correspondance non seulement un intérêt indéniable mais aussi un grand plaisir de lecture.

Brigitte Gauvin

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°14 (2016) de la SEMEN-L (p. 19).