Florence Vuilleumier Laurens, L’Université, la robe et la librairie à Paris. Claude Mignault et le Syntagma de symbolis (1571-1602), Genève, Droz, « Travaux d’Humanisme et Renaissance », 2017 (Laurence Boulègue)

Florence Vuilleumier Laurens, L’Université, la robe et la librairie à Paris. Claude Mignault et le Syntagma de symbolis (1571-1602), Genève, Droz, « Travaux d’Humanisme et Renaissance », 2017, 329 p., 49 €.

Consacré au Traité des symboles de Claude Mignault, l’ouvrage de Florence Vuilleumier Laurens comble une lacune importante à la fois dans le champ des études consacrées à l’œuvre de l’auteur lui-même et dans celui consacré aux Emblèmes d’Alciat, dont le brillant commentaire de Mignault est pourtant bien connu, sans que la célèbre préface Syntagma de symbolis ait pourtant fait l’objet d’une traduction française et d’une véritable histoire. C’est chose faite désormais grâce à la première édition et traduction en langue française de ce texte, préface des éditions des Emblemata depuis 1571, mais plusieurs fois remis sur l’ouvrage et augmenté par le commentateur. Le travail sur le texte est fondé sur l’édition aboutie et définitive de 1602, mais aussi sur la consultation des quatre éditions précédentes (1571, 1573, 1577, 1581), des deux versions de 1584 (version compendiosa et version latino- française abrégée) et des modifications ou ajouts apportés par les éditons de 1577 et 1621. C’est ce minutieux travail philologique – accompagné d’une élégante traduction en regard du texte latin – qui a permis d’approfondir l’histoire du texte et de sa composition, de 1571 à 1602, étudiée dans la vaste étude introductive (p. 7-152). L’ouvrage est complété par un Index nominum très complet et diverses annexes présentant notamment les autres pièces liminaires de l’auteur.

L’étude de Florence Vuilleumier Laurens montre le lien étroit, chez Mignault, entre la théorie de l’emblème et de l’allégorie, son enseignement académique et son parcours dans les milieux de l’édition et des juristes en développant quatre aspects de la carrière de l’auteur et du développement d’un genre autour et à partir de l’emblème. La première partie est consacrée au parcours de formation de Mignault jusqu’à son entrée à l’Université qui coïncide avec la première version des commentaires et du Syntagma de symbolis. La deuxième partie étudie l’évolution de la théorie et de la pratique du commentaire humaniste de Landino, Politien, Juste Lipse, jusqu’à Pierre de la Ramée, éclairant la conception exposée dans le Syntagma de symbolis, en particulier celle de l’allégorie, précédant et préparant ainsi, dans un troisième temps, l’analyse de la préface elle-même et de ses différentes strates de composition, nœud et résultat de l’enquête philologique ici menée avec rigueur, qui éclaire la collaboration entre Mignault et Plantin de 1573 à 1581 et l’évolution de la simple préface initiale en un traité fondateur pour toute l’Europe de la fin du XVIe siècle et du XVIIe siècle, séduite par le symbole, l’emblème, l’énigme. La quatrième partie offre une analyse des « enjeux théoriques du Syntagma » et de la création par l’auteur d’un genre réunissant les diverses formes, antiques et modernes, qui dessinent le champ du symbolique, fondé sur le modèle pythagoricien pour aboutir aux premières devises royales.

La lecture du traité de Mignault et la remarquable étude qu’en fait Florence Vuilleumier Laurens entraînent le lecteur dans un monde à la fois connu – celui du commentaire humaniste au sens large – et énigmatique – celui- là même qui fascine aussi Mignault et l’emmène à définir un nouveau champ philologique.

Laurence Boulègue (UPJV)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 42-43).

M.-A. Lucas-Avenel, Geoffroi Malaterra, Histoire du Grand Comte Roger et de son frère Robert Guiscard (vol.1, livres 1 & 2), Presses Universitaires de Caen, 2016 (Brigitte Gauvin)

M.-A. Lucas-Avenel, Geoffroi Malaterra, Histoire du Grand Comte Roger et de son frère Robert Guiscard (vol.1, livres 1 & 2), Presses Universitaires de Caen, 2016, 447 p.

Vers 1100, Roger de Hauteville, devenu le Grand Comte de Sicile, charge Geoffroi Malaterra de relater ses triomphes en Italie méridionale. L’œuvre compte quatre livres, rédigés avec soin, dans le souci de plaire au commanditaire et d’instruire les lecteurs sur le sens des événements. Les deux premiers livres racontent comment les fils de Tancrède, victorieux des Lombards, des Byzantins, du pape et des Sarrasins, sont parvenus, par la force des armes et le soutien de Dieu, à établir un nouvel État normand en Pouille, en Calabre et dans la partie septentrionale de la Sicile. L’œuvre constitue une source importante, souvent unique, pour la connaissance de l’histoire de la conquête, de ses principaux acteurs et des populations d’Italie du Sud.

M-A. Lucas-Avenel donne de ces deux livres une édition qui saura satisfaire les historiens aussi bien que les philologues les plus exigeants. Présenté dans une introduction d’une grande richesse, le texte latin est accompagné en regard d’une traduction française précise et élégante, de notes philologiques et historiques, de planches et de cartes qui éclairent le lecteur sur les événements, les lieux et les personnages. Ce travail remarquable bénéficie d’une double mise en valeur superbement orchestrée par les Presses Universitaires de Caen et le Pôle du document numérique de la mrsh de Caen : le très beau volume papier se double en effet d’une édition numérique, accessible gratuitement sur le site de l’éditeur, grâce à laquelle le lecteur peut accéder à une bibliographie interactive permettant de consulter les fac-similés des éditions-témoins, à une recherche plein texte et à de nombreux autres outils ; parmi ceux-ci, on peut tout particulièrement signaler la possibilité d’afficher chaque témoin d’un même passage, grâce à des techniques d’affichage inédites, et même de les comparer sur l’écran : cette fonctionnalité permet de visualiser l’important travail d’établissement qu’a nécessité ce récit à la tradition textuelle complexe et dont les spécialistes attendaient depuis 1964 une édition qui lui rendrait justice. Ils seront comblés par celle-ci au-delà de toute espérance.

Brigitte Gauvin (Université de Caen Normandie)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 42).

Jacquemard Catherine, Gauvin Brigitte, Lucas-Avenel Marie-Agnès & Clavel Benoît (dir.), Animaux aquatiques et monstres des mers septentrionales (imaginer, connaître, exploiter, de l’Antiquité à 1600), Anthropozoologica, vol. 53, 2019.

Jacquemard Catherine, Gauvin Brigitte, Lucas-Avenel Marie-Agnès & Clavel Benoît (dir.), Animaux aquatiques et monstres des mers septentrionales (imaginer, connaître, exploiter, de l’Antiquité à 1600), Anthropozoologica, vol. 53, 2019.

Du 31 mai au 3 juin 2017 s’est tenu au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle un colloque international intitulé « Animaux aquatiques et monstres des mers septentrionales (Imaginer, connaître, exploiter, de l’Antiquité à 1600) », organisé par le Centre Michel de Boüard – Craham (UMR 6273, Université de Caen Normandie – CNRS). Les thématiques développées pendant le colloque sont l’identification la dénomination et le classement des espèces ; l’étude des produits de la mer, la pêche, le commerce et la consommation ; la littérature, les représentations, imaginaires et allégories.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°19 (2021) de la SEMEN-L (p. 70).