Les noces de Philologie et de Guillaume Budé. Un humaniste et son œuvre à la Renaissance

Vous pourrez trouver ci-dessous la présentation du volume d’actes du colloque de 2018 sur l’œuvre de Guillaume Budé et sa réception, paru aux presses de l’École Nationale des Chartes en septembre 2021 : Les noces de Philologie et de Guillaume Budé. Un humaniste et son œuvre à la Renaissance.

Il a été conçu sous la direction de Christine Bénévent, Romain Menini et Luigi-Alberto Sanchi.

592 pages. — Livre broché (16 x 23,5 cm). Prix France : 57 €. — ISBN : 978-2-35723-160-3. — Mise en vente : septembre 2021.

Au cours de son existence bien remplie, Guillaume Budé (1468-1540) a conçu, publié, augmenté nombre d’œuvres dont la valeur littéraire et la portée scientifique ont profondément marqué son époque et la postérité, à l’égal de son contemporain Erasme. Or les productions de Budé restent aujourd’hui relativement méconnues, malgré un regain d’intérêt qui s’est déployé tout au long du XXe siècle comme en ce début du XXIe siècle.

Ce volume a pour ambition de revenir, à la lumière des recherches les plus récentes, sur les différentes facettes d’une œuvre polycentrique, allant de l’essai historique novateur qu’est le De Asse et partibus eius à la défense et illustration du grec, de l’exégèse des sources du droit romain aux recommandations politiques de l’«Institution du prince », en passant par des considérations morales et religieuses disséminées dans les lettres, des digressions et des traités.

À la convergence de plusieurs disciplines, ce volume se propose d’identifier les parcours que Guillaume Budé a tracés, de cerner les passerelles entre les différents noyaux de son écriture, de reconstituer l’unité intellectuelle de son œuvre à une période où la diffusion du patrimoine écrit de l’Antiquité achevait sa première grande saison et ouvrait l’époque des études philologiques spécialisées. Il a pour ambition de remettre en lumière cette grande figure de l’humanisme français, reconnue entre autres pour son rôle dans la fondation du Collège de France.

Table des matières de l'ouvrage

Préface. Chorus disciplinarum, ou l’art de lire comme principe d’hospitalité : note sur Guillaume Budé et le Collège de France, par Patrick Boucheron — Introduction, par Luigi-Alberto Sanchi, Christine Bénévent et Romain Menini.

Première partie. L’auteur en son temps.
— Guillaume Budé, lumière française, par Mireille Huchon.
— Guillaume Budé et la galerie François Ier à Fontainebleau : une Institution du prince en images, par Edwige Krob.
— Guillaume Budé entre « ma maistresse Philologie » et le « cryme de flatterie , par Richard Cooper.
— Définitions et fonctions de la philosophie dans l’Institution du prince, par Marie-Dominique Couzinet.
— « Revisit et propria manu emendavit ipse Budæus ». L’exemplaire du De Contemptu rerum fortuitarum de la bibliothèque Sainte-Geneviève, par Claude La Charité.
— « Exegi monu… mendum! » Guillaume Budé correcteur de son De Transitu, par Romain Menini.

Deuxième partie. Le lecteur des Anciens et des Modernes.

— Guillaume Budé et la mémoire d’Homère. Hellénisme, tradition et mémoire culturelle au siècle de Janus Lascaris, par Patrick Morantin.
Guillaume Budé and the diversity of Greek, par Raf Van Rooy

— Guillaume Budé et l’architecture, par Francesca Mattei et Francesca Salatin.
— « Le Père de l’Église le plus cher à Budé » : Grégoire de Nazianze. À propos d’un exemplaire annoté par l’humaniste, par Romain Menini — Guillaume Budé, lecteur de Martianus Capella, par Virginie Leroux.
— Guillaume Budé, lecteur du Voyage de Ludovico di Varthema, par Tristan Vigliano.
— Le rôle de Guillaume Budé dans la diffusion de l’Utopie de Thomas More, par Michel Magnien.

Catalogue. Guillaume Budé en ses livres.

Troisième partie. Le juriste et l’antiquaire : des Annotations au De Asse

— Un humaniste au travail : les Annotationes in Pandectas, par Jean Céard

— Guillaume Budé and Roman coins, par Andrew Burnett
— Guillaume Budé, témoin des monnaies et des finances de son temps, par Marc Bompaire
Italian Precursors to the Scholarship of Guillaume Budé’s De Asse, par W. Scott Blanchard
— Éditions de l’Epitome du De Asse publiées du vivant de Budé : les leçons des exemplaires conservés à Paris, par Christine Bénévent et al.

Quatrième partie. Réceptions de l’œuvre

— Les Bartolistes ont-ils lu Budé? De l’influence de l’humanisme juridique sur les travaux des juristes français de la première moitié du xvie siècle, par Patrick Arabeyre.
— Charles Fontaine, passeur du De Asse? par Élise Rajchenbach.
— Robert et Henri Estienne, lexicographes, lecteurs de Guillaume Budé, lexicographe, par Martine Furno.
— Défense et illustration de l’hellénisme. Henri II Estienne (1531-1598), fils de Robert Estienne (1503-1559), héritier de Guillaume Budé (1468-1540), par Hélène Cazes.
— L’édition des Opera omnia de Budé (1556-1557) dans le programme éditorial bâlois, par Olivier Millet.
— Guillaume Budé, un mal rasé de la foi. La réception de Budé dans le monde réformé, de Jean Calvin à Pierre Bayle, par Max Engammare

— Budé dans les dictionnaires historiques de l’Ancien Régime : entre homme illustre et bourreau de travail, par Lyse Roy.
— Conclusion, par Romain Menini, Christine Bénévent et Luigi-Alberto Sanchi.

Résumés — Index des noms de personnes et de lieux — Table des œuvres et écrits littéraires de Guillaume Budé cités dans cet ouvrage.

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Georges Buchanan. Tragédies sacrées humanistes : Tome I – Baptistes siue Calumnia et Iephthes siue Votum, éd. Carine Ferradou

La SEMEN-L a le plaisir d’annoncer la parution aux éditions Garnier Classique du premier tome de la traduction de deux tragédies sacrées humanistes de Georges Buchanan, Baptistes sive Calumnia et Iephtes sive Votum, dans une édition établie par Carine Ferradou, membre de la Société.

L’ouvrage est le premier tome d’une série intitulée Tragédies sacrées humanistes, publiée dans la collection « Bibliothèque du théâtre français » dirigée par Charles Mazouer.

Présentation par l'éditeur

Après une introduction replaçant le théâtre sacré de George Buchanan dans le contexte culturel du xvie siècle, et la présentation de chaque tragédie, le texte latin de Baptistes siue Calumnia et Iephthes siue Votum est accompagné d’une traduction en français moderne, d’apparats, d’une bibliographie et d’index.

After an introduction placing George Buchanan’s sacred theater in the cultural context of the sixteenth century, and an overview of each tragedy, the Latin versions of Baptistes siue Calumnia and Iephthes siue Votum are accompanied by a translation into modern French, along with concordances, a bibliography, and an index.

Pour consulter l'ouvrage

Rire et sourire dans la littérature latine au Moyen Âge et à la Renaissance, sous la direction de Brigitte Gauvin et Catherine Jacquemard, Dijon, EUD, 2019

Rire et sourire dans la littérature latine au Moyen Âge et à la Renaissance, sous la direction de Brigitte Gauvin et Catherine Jacquemard, Dijon, EUD, 2019, 20 €

Comment rire(s) et sourire(s) s’inscrivent-ils dans la littérature latine du Moyen Âge et de la Renaissance ? Les chercheurs latinistes européens qui ont contribué au présent ouvrage posent cette question un demi-siècle après la publication à Dijon d’un classique : l’Essai sur le rire et le sourire des Latins d’Eugène de Saint-Denis. Loin d’être confinée à un cercle restreint d’érudits, la littérature latine de ces époques est extrêmement variée. Elle est populaire et savante, scolaire et intellectuelle, théorique et ancrée dans la réalité. Elle couvre tous les genres et tous les tons. Le rire des Anciens, entre héritage et réinterprétation, a déterminé en partie le rire médiéval et renaissant, l’influençant par les œuvres elles-mêmes comme par les textes théoriques. Mais clercs et humanistes ont su développer un rire qui leur est spécifique par ses enjeux, ses formes nouvelles, sa nature même, multiple et complexe. Ils ont aussi cherché à définir ce qu’étaient spécifiquement, pour leur temps, le rire et le sourire.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°18 (2020) de la SEMEN-L (p. 61).

Serio ludere, Sagesse et dérision à l’âge de l’Humanisme, sous la direction d’Hélène Casanova-Robin, Francesco Furlan et Hartmut Wulfram, Paris, Classiques Garnier, n° 481 (Série Lectures de la Renaissance latine, n° 13), 2020

Serio ludere, Sagesse et dérision à l’âge de l’Humanisme, sous la direction d’Hélène Casanova-Robin, Francesco Furlan et Hartmut Wulfram, Paris, Classiques Garnier, n° 481 (Série Lectures de la Renaissance latine, n° 13), 2020, 371 p., 75 € relié, 35 € broché

L’ouvrage explore le serio ludere, dans les formes variées que ce langage emprunte chez les Humanistes, pour révaluer les codes littéraires et exprimer une contestation fantaisiste et néanmoins virulente des mœurs ou des courants de pensée contemporains.

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°18 (2020) de la SEMEN-L (p. 60-61).

Coryciana. Livre premier. Épigrammes/Epigrammata (1524), introduction, texte, traduction et notes de Lydia Keilen, Paris, Belles Lettres, collection « Les Classiques de l’humanisme », 2020 (Laurence Boulègue)

Coryciana. Livre premier. Épigrammes/Epigrammata (1524), introduction, texte, traduction et notes de Lydia Keilen, Paris, Belles Lettres, collection « Les Classiques de l’humanisme », 2020, 122 p. (introduction) et 510 p. (texte, trad., notes), 45 €

La collection des Classiques de l’Humanisme porte à notre connaissance le premier livre des Coryciana, recueil de poèmes paru en 1524 à Rome. Ces poèmes ont vu le jour dans le contexte humaniste romain du début du XVIe siècle, autour de la personnalité de Johann Goritz (Corycius, qui donne son nom au recueil), protonotaire d’origine allemande, qui avait rassemblé autour de l’église de Sant’Agostino, située sur le Campo di Marzio, de nombreux auteurs et artistes afin de célébrer le culte de sainte Anne trinitaire. Une chapelle, consacrée à Sant’Anna Materza et adossée à une fresque de Raphaël (1511-1512), a été alors créée ainsi que l’institution d’un banquet poétique annuel, qui fut l’occasion pour ce cercle de se réunir jusqu’au Sac de Rome en 1527. Il s’agit de la première traduction française de ce livre original qui témoigne de l’intense activité du milieu poétique et artistique romain sous les pontificats de Léon X et de Jules II.

Lydia Keilen, en s’appuyant sur l’édition moderne des 372 poèmes qui composent le premier livre des Coryciana réalisée en 1997 par J. IJsewijn à partir de l’édition princeps de 1524, propose un texte qu’elle a entièrement vérifié en consultant ces deux éditions, et elle en donne la première traduction en langue vernaculaire. Ce premier livre est constitué d’une vaste épître dédicatoire de Blossius Palladius (commentée p. 251-263), riche d’enseignements sur les circonstances qui ont vu naître le volume, suivie de huit poèmes qui, dans la même veine, saluent la réalisation du volume et célèbrent la figure tutélaire de Goritz, et de trois-cent-soixante-trois poèmes (Icones), consacrés à sainte Marie trinitaire, à ses représentations artistiques dans l’église Sant’Agostino et à son culte. La traduction, vers à vers, n’est pas exempte de quelques lourdeurs, mais elle est fidèle et les notes qui l’accompagnent éclairent utilement non seulement les allusions culturelles et cultuelles, mais aussi les auteurs, leurs sources et références, ainsi que les jeux poétiques d’intertextualité et d’émulation auxquels ils se livrent dans leur propre cercle et avec leurs contemporains.

La vaste étude introductive (p. IX-CXXXI) présente le contexte culturel et religieux dans lequel le projet a pris naissance et les circonstances de la genèse du volume dont la parution fut, semble-t-il, retardée par l’instigateur lui-même. La personnalité et le rôle de Johann Goritz au sein du milieu pontifical romain fait également l’objet d’un point nécessaire. L’étude présente ensuite le personnage de sainte Anne, son culte et ses représentations, ainsi que le lieu même du culte auquel l’ouvrage est intimement lié, à savoir l’église de Sant’Agostino, ses chapelles et ses œuvres d’art : la sculpture d’Andrea Sansovino, sujets de nombreux poèmes du recueil, et l’Isaïe de Raphaël, fresque qui se trouve au-dessus de la sculpture. Dans un troisième temps, sont étudiés le recueil de poèmes lui-même et sa composition, Lydia Keilen formulant des hypothèses argumentées sur la façon dont les textes qui le composent ont été retenus. Il s’agit d’un travail rigoureux qui révèle les attraits et l’originalité de son sujet.

Les Coryciana sont un ouvrage singulier, en tant qu’objet littéraire et en tant qu’objet culturel, qui saura surprendre le lecteur érudit ou simplement curieux.

Laurence Boulègue UPJV-UR 4284 TrAme

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°18 (2020) de la SEMEN-L (p. 58-59).

Colloques 2020-2021

Voici la liste des colloques et journées d’étude recensés par la SEMEN-L pour l’année 2020-2021 : vous pouvez la télécharger ici.

Colloques 2020-2021

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Rubrique colloque 2020-2021

– 5-6 octobre 2020, Journée d’études : « Remembratio codicum. Manuscrits fragmentaires de chant reconstruits », org. J. Delmulle (IRHT) et H. Morvan (Institut Ausonius), Université Bordeaux Montaigne

– 15 oct. 2020, Amiens (Logis du Roy), UPJV-UR 4284 TrAme, Journée « Écrire en poète au temps des conflits confessionnels », org. A. Duru (audrey.duru@u-picardie.fr).

– 23 octobre 2020. Atelier Pédagogies de la Renaissance et supports de l’écrit, org. Lucie Claire, Martine Furno, Anne-Hélène Klinger-Dollé et Laurent Naas, Villeurbanne, enssib,

– 16-18 novembre 2020, Université de Louvain-la-Neuve, colloque « Penser autrement les lettres et les arts : la voie/voix de la scolastique (1500-1700) », org. R. Dekoninck – A. Guiderdoni – A. Smeesters, contact aline.smeesters@uclouvain.be

– 21 novembre 2020, Atelier XVIe siècle : « Le grec à la Renaissance », Amphithéâtre Chasles, 10h-17h.

– 12 février 2021, Colloque inaugural de l’Association canadienne d’études néo-latines/Canadian Association of Neo-Latin studies, org. P. Cohen (University of Toronto), M. McShane (University of Toronto), J. Nassichuk (University of Western Ontario), L. Roman (Memorial University), F. Rouget (Queen’s University).

– 23-24 février 2021, Colloque Histoire et transmission de la Passio imaginis Salvatoris, org. Nick Thate, Aubervilliers, Campus Condorcet.

– 1er et 2 avril 2021, « La vie du livre » et « Les bibliothèques et collections » en Aquitaine à l’époque de Montaigne. (à préciser)

– 7-10 avril 2021, Dublin (en visio-conférences), Renaissance Society of America 67th Annual Meeting.

– 7-10 avril 2021, Dublin (en visio-conférence), Session double « The women’s issue among Italian and French humanists : I. Debates / II. Representations », org. L. Boulègue (UR UPJV 4284 TrAme) – S. Gambino Longo (U. Lyon), RSA 67th Annual Meeting.

– 7-10 avril 2021, Dublin (en visio-conférence), Table ronde « Les Opera omnia de Jean Second (1511-1536) », org. M. Laureys (U. Bonn) – V. Leroux (EPHE, PSL), RSA 67th Annual Meeting.

– 20 mai 2021, Journée thématique : « Les « révélations » comme support de transmission d’un savoir cosmologique », org. I. Draelants, J.-Ch. Coulon et E. Abate, Aubervilliers, Campus Condorcet.

– juin 2021 (dates à préciser), Dijon, Université de Bourgogne, Congrès de la Semen-L « Latin et grec au Moyen Âge et à la Renaissance », org. S. Laigneau-Fontaine (sylvie.laigneau-fontaine@sfr.fr) et E. Oudot

– 4 juin 2021, Université de Picardie Jules Verne – Amiens, Journée scientifique du Congrès de l’Aplaès,  » Imitation des modèles et intertextualité(s) de la Grèce ancienne à la Renaissance humaniste », org. L. Boulègue, M. Brouillet, N. Catellani, L. Claire, contact laurence.boulegue@u-picardie.fr

– 15-16 juin 2021, « Remembratio codicum. Manuscrits fragmentaires de chant reconstruits », org. J.-Fr. Goudesenne, G. Kagan(IRHT) et M.-É. Gautier (Bibliothèque municipale, Angers), Archives départementales, Angers et Tours.

– 21-23 octobre 2021, Colloque Pédagogies de la Renaissance et supports de l’écrit, org. Lucie Claire, Martine Furno, Anne-Hélène Klinger-Dollé et Laurent Naas, Sélestat, Bibliothèque humaniste.

Projets

– ARC Schol’Art : Les théories modernes des lettres et des arts à la lumière de la seconde scolastique (France-Italie, 1500-1700). Université de Louvain-la-Neuve – Gemca. Promoteurs : A. Guiderdoni, R. Dekoninck, A. Smeesters.

Projet Bordeaux

Burgundia humanistica : Les écrivains bourguignons qui écrivent en latin et/ou en grec aux XVIe et XVIIe siècles. Promotrice : S. Laigneau-Fontaine (Université de Dijon). Ce projet a reçu le soutien du Conseil Régional de Bourgogne, qui lui a attribué un financement et un contrat doctoral : Elena Ghiringhelli travaillera sous la direction de S. Laigneau-Fontaine et celle de Valérie Wampfler sur la Continuation des Fastes d’Ovide par le Dijonnais Claude-Barthélemy Morisot (1649). Plusieurs travaux actuellement en cours appartiennent par ailleurs à ce projet, par exemple l’édition, traduction, commentaire de la Gigantomachie de l’Autunois Jacques Guijon (1658). Le corpus est immense et varié (textes de droit, de médecine, tumuli, éloges, correspondances, poésies diverses…) et toutes les bonnes volontés désirant participer au projet sont les bienvenues !

– projet CREAMYTHALEX : La réception de l’Antiquité grecque en Europe. Promotrice Catherine Gaullier-Bougassas Le projet a d’abord porté sur la figure d’Alexandre le Grand et les travaux permis par un financement ANR ont été publiés dans la collection « Alexander redivivus » créée durant ce projet chez Brepols (http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=AR). Il s’est ensuite élargi à la réception de l’Antiquité grecque d’avant Alexandre. Une nouvelle collection a ainsi été créée chez Brepols: « Recherches sur les Réceptions de l’Antiquité », direction Catherine Gaullier-Bougassas

http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=RRA&fbclid=IwAR0MNaU1ZLctpVqzbXIpFzeYEz0c_mIwGFpe1WpVLK7vDUMGOZCVMnYlflQ

Deux journées d’étude sont prévues en 2021, l’une sur les représentations de l’espace grec antique, l’autre sur les écritures mythologiques. Les dates ne sont pas encore fixées en raison de la crise. Contact pour les collègues intéressés par le projet : catherine-bougassas@orange.fr)..fr

Le Siècle des vérolés. La Renaissance européenne face à la syphilis, anthologie dirigée par A. Bayle, avec la collaboration de B. Gauvin, Grenoble, Jérôme Millon, « Mémoires du corps », 2019 (Anne Bouscharain)

Le Siècle des vérolés. La Renaissance européenne face à la syphilis, anthologie dirigée par A. Bayle, avec la collaboration de B. Gauvin, Grenoble, Jérôme Millon, « Mémoires du corps », 2019, 384 p., 26€

Passionnante plongée au cœur d’une pandémie qui soudain déferle sur l’Europe humaniste, conjuguant en un ballet funèbre le sexe et la mort, rongeant les corps, corrodant l’imaginaire collectif, cette anthologie se compose d’une centaine de textes qui évoquent l’apparition terrifiante de la vérole à la fin du XVe siècle. Organisée autour de douze chapitres thématiques, elle permet d’appréhender les enjeux de la découverte de ce nouveau mal, tant sur le plan scientifique et médical, que d’un point de vue plus intime, personnel. Elle éclaire l’influence prépondérante de ce mal sur les représentations idéologiques, politiques, morales et sur la littérature. Les extraits sélectionnés, composés entre 1495 et 1623 et souvent inédits, sont des traductions françaises originales d’œuvres écrites en latin, italien, espagnol, portugais ou anglais ; quant aux textes français du XVIe siècle, ils sont présentés dans une orthographe modernisée.

À travers une riche diversité d’auteurs, de pays et d’époques, cet ouvrage montre la profonde difficulté que les hommes de la Renaissance ont éprouvée à décrire et comprendre un mal jusqu’alors inconnu et devenu en quelques années un fléau universel, signe d’opprobre et de souffrance. Se jouant des frontières géographiques et des genres littéraires, la vérole se trouve ainsi au centre de la réflexion contemporaine et s’invite dans le discours des lettrés et savants, qu’ils soient médecins, historiens, voyageurs, moralistes, théologiens ou encore poètes. Car, au-delà du savoir scientifique proprement dit, cette anthologie cherche surtout à éclairer quelle image de la maladie se forge dans les œuvres littéraires contemporaines, à travers les tout premiers témoignages qu’elle suscite.

De nombreux textes reviennent sur l’étonnante variété des noms attribués à la vérole et sur la conséquence de cet embarras à nommer, la difficile constitution d’un savoir autour de l’origine, des causes, des symptômes et des remèdes à donner au mal. Très vite la vérole suscite une prise de position idéologique : réprobation, soupçon, discrimination deviennent alors le lot des malades, pestiférés d’un genre nouveau qui cristallisent la grande peur de leurs contemporains. D’autres textes prennent pour objet le portrait du corps souffrant, faisant du vérolé un type littéraire, pathétique ou grotesque. Au-delà de l’apparence physique, ce sont aussi les relations sociales que la vérole transforme totalement : la maladie, associée à l’intempérance sexuelle, fait honte, elle provoque suspicion mise au ban, elle devient l’accusation et l’injure par excellence dans la satire. La fin de l’anthologie explore par ailleurs le pouvoir créateur de la maladie à travers la fiction, en montrant combien invention et écriture permettent d’une certaine manière de conjurer la maladie et de s’en affranchir.

Anne Bouscharain

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 46-47).

À la recherche d’un signe perdu : Jean-Baptiste de La Brosse, S.J., Éléments de la langue montagnaise (1768). édition du texte latin de Jean-François Cottier et commentaire linguistique de Renée Lambert- Brétière, Neuville sur Saône, Editions Chemins de tr@verse, Chartae neolatinae, 2018 (Virginie Leroux)

À la recherche d’un signe perdu : Jean-Baptiste de La Brosse, S.J., Éléments de la langue montagnaise (1768), édition du texte latin de Jean-François Cottier et commentaire linguistique de Renée Lambert- Brétière, Neuville sur Saône, Editions Chemins de tr@verse, Chartae neolatinae, 2018, 304 p.

L’ouvrage constitue la première édition, avec traduction française et commentaire linguistique, des Éléments de grammaire montagnaise, rédigés en 1768 par le père jésuite Jean-Baptiste de La Brosse. Missionnaire au Canada à partir de 1754, il se consacra à l’évangélisation et à l’instruction des Innus de 1766 jusqu’à sa mort en 1782. Parmi les Européens qui abordèrent le Nouveau Monde, les Jésuites ont davantage pris en compte la langue de leurs destinataires et ont compris la nécessité d’en avoir une connaissance approfondie en vue de leur conversion. Rédigée en latin, langue de l’Église et de la formation humaniste, mais aussi langue d’usage des élites cultivées qui l’utilisaient pour leurs travaux historiographiques, linguistiques et scientifiques, la grammaire du père de La Brosse témoigne des efforts de description des langues amérindiennes du XVIIIe siècle, qui portèrent à la fois sur les langues algonquiennes (Abénaki et Montagnais) et sur les langues iroquoises. Elle s’inscrit, par ailleurs, dans un mouvement plus général de « linguistique missionnaire » dont les fondements théoriques reposent sur la croyance de l’époque dans un langage mental originel dont la rationalité persistait, mais de manière fragmentée, dans la variété des langues de l’après-Babel. La Brosse utilise ainsi le modèle de la langue latine pour décrire l’innu : c’est ainsi qu’il s’efforce de lui appliquer la division traditionnelle en huit parties (noms, pronoms, verbes, participes, prépositions, adverbes, interjections, conjonctions) ou le système des cas indo-européens (chapitre 2, 7-12) alors que ces catégories ne correspondent pas à la réalité linguistique de l’innu. L’analyse révèle cependant que le père de La Brosse a conscience des particularités propres aux langues amérindiennes et tâche de rendre compte le plus exactement possible de la langue de l’autre. Témoignage unique sur l’état de cette langue nomade au XVIIIe siècle, cet ouvrage passionnant intéressera autant les spécialistes de linguistique autochtone que les latinistes et, plus généralement, tous ceux qui sont curieux de l’histoire de la Nouvelle-France.

Virginie Leroux (EPHE, PSL)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 46).

La correspondance philologique de Niccolò Perotti, édition critique, traduction et commentaire par J.- L. Charlet, Neuville-sur-Saône, Chemins de tr@verse, « Chartae neolatinae », 2018 (Anne Bouscharain)

La correspondance philologique de Niccolò Perotti, édition critique, traduction et commentaire par J.- L. Charlet, Neuville-sur-Saône, Chemins de tr@verse, « Chartae neolatinae », 2018, 438 p., 36€

Cette édition rassemble cinq lettres philologiques tirées de la correspondance de l’humaniste Niccolò Perotti (1430-1480), auteur d’une somme érudite sur la langue latine restée inachevée, Cornu copiae seu linguae latinae commentarii (dont J.-L. Charlet a dirigé l’édition entre 1989 et 2001).

L’introduction présente l’auteur et son œuvre ; elle revient plus en détail sur son manuel de composition épistolaire afin d’en comparer la typologie avec le corpus provisoire de lettres qu’il constitua en vue d’une publication (76 ou 77 lettres selon les manuscrits). De cette comparaison ressort l’originalité des lettres philologiques rédigées autour des années 1470, la lettre à Guarnieri et les deux lettres au cardinal Ammanati, qui, toutes trois, concernent le naturaliste Pline, et la lettre à Pomponio Leto, sur Martial.

La longue Lettre à Guarnieri fait l’objet d’un premier chapitre nourri (un peu plus de 140 pages), qui contient une riche présentation, une édition du texte latin avec sa traduction française en regard et un commentaire détaillé en fin de volume, mais également la lettre de réponse qu’elle suscita de la part de Cornelio Vitelli. La présentation examine d’abord, avec une grande précision documentaire et chronologique, les épisodes de la controverse autour de l’Histoire naturelle de Pline, afin d’éclairer le contexte de l’écriture en 1470, ainsi que la polémique que provoqua cette lettre lors de sa circulation et qui est illustrée, deux ans plus tard, par la lettre de Vitelli. Elle expose ensuite les enjeux de la méthode philologique de Perotti dans cette lettre-traité qui se veut un commentaire de la préface de Pline. Enfin elle fait l’état de la tradition manuscrite et des principes d’édition suivis.

Le deuxième chapitre considère deux lettres adressées au cardinal Ammanati, entre 1470 et 1471. On quitte la polémique pour l’émulation amicale de deux humanistes férus d’érudition. Pour chacune d’elles –la première est très brève, la seconde plus développée–, la présentation qui en détaille le destinataire, la datation et les enjeux, est à nouveau suivie de l’édition avec traduction commentée. Ces lettres font revivre la tradition des banquets humanistes romains et des conversations philologiques qui les animent (ici à propos d’expressions relatives à la botanique ou aux sciences naturelles) : Perotti élucide le sens de mots rares et les réalités qu’ils désignent, sollicitant l’avis éclairé du cardinal. Ce travail novateur sur le lexique latin annonce et éclaire par sa méthode l’entreprise postérieure du Cornu copiae.

Le troisième et dernier chapitre, le plus bref, s’attache à la lettre de 1473 adressée à Pomponio Leto, qui s’inscrit dans la polémique sur Martial opposant Perotti à Domizio Calderini. Cette fois l’humaniste, sous couvert de partager une anecdote plaisante, s’en prend à la figure d’un professeur du Studio de Rome qu’il moque pour son enseignement sur les Epigrammes et son incompétence. A la raillerie succède une véritable démonstration où Perotti expose son propre commentaire sur la leçon contestée dans le texte du poète latin.

Comme cela a été indiqué, les lettres philologiques sont accompagnées d’un commentaire abondant (plus de 150 pages), à la fois précis et savant, qui permet de mesurer l’importance et l’originalité de cette correspondance. Outre une bibliographie, cette édition s’enrichit également de deux annexes : la praefatio de l’Histoire naturelle dans les premières éditions italiennes de Pline et une épigramme latine de Francesco Patrizi). Ce travail d’une remarquable érudition donne vie avec brio à un moment singulier de la philologie humaniste.

Anne Bouscharain

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 45-46).

Giovanni Pontano, L’Éridan/Eridanus, introduction, texte latin, traduction et commentaire par Hélène Casanova-Robin, Paris, Les Belles Lettres, « Les classiques de l’humanisme », 2018 (Laurence Boulègue)

Giovanni Pontano, LÉridan/Eridanus, introduction, texte latin, traduction et commentaire par Hélène Casanova-Robin, Paris, Les Belles Lettres, « Les classiques de l’humanisme », 2018, 463 p., 45 €.

Après les Églogues, publiées en 2011, la collection des Classiques de l’humanisme offre pour la première fois la traduction en français et l’étude par Hélène Casanova-Robin de L’Éridan de Giovanni Pontano, recueil en deux livres d’élégies latines édité pour la première fois à Naples en 1505 par les soins de Pietro Summonte, disciple de l’humaniste napolitain. Les nombreuses rééditions qui suivirent témoignent de l’estime qui fut portée à cette œuvre tout au long du XVIe siècle et révèlent à quel point la lecture des élégies de Pontano est indispensable pour tout spécialiste de la poésie humaniste. Le premier livre est composé de trente-quatre poèmes en grande partie consacrés à Stella, mais on trouve aussi quelques poèmes à visée étiologique. Le personnage de Stella reste au cœur du second livre, le poète offrant pour écrin à la célébration du sentiment amoureux, en pièces liminaire et finale, l’évocation de sa femme Ariadna, désormais disparue. Si l’unité du recueil n’est pas parfaitement homogène, puisque dans le second livre aussi sont insérées quelques épigrammes relevant du genre gnomique, néanmoins dominent les sujets et les figures amoureuses chers à Pontano, la variété du recueil étant d’ailleurs représentative des œuvres élégiaques humanistes.

Dans une étude introductive substantielle, Hélène Casanova-Robin examine avec soin la composition complexe de l’Eridanus qui a donné lieu à diverses interprétations et hypothèses – autobiographie ou pure fiction ? c’est ce que suggère la deuxième élégie. Si la première lecture est sur certains points pertinente, néanmoins c’est résolument dans la seconde optique que peut être révélée toute la richesse de la poésie pontanienne, ce à quoi aboutit de façon convaincante l’examen minutieux du texte : « Stella est ficta : la figure concentre les questionnements de l’humaniste » (p. CVII). Le titre même, hommage au fleuve qui accueillit Phaéton brûlé dans ses eaux, inscrit l’œuvre dans un « territoire tout entier contaminé par les feux de la passion » (p. XIX), territoire qui est aussi générique – l’élégie – et textuel – dans la tradition propertienne de la puella unique renouvelée par Pétrarque et par Landino dans Xandra. Ainsi, l’étude du texte est-elle organisée autour de cinq motifs ou fils directeurs : le mythe des origines, l’amour sensuel, les figures amoureuses, la lumière dont Stella est l’étoile du recueil et, enfin, la consolation partout présente. Cette belle étude est considérablement complétée par l’appareil de notes sur le texte.

Fondé sur l’édition de Benedetto Soldati en 1902, le texte de l’Eridanus qui est ici proposé en offre une révision en prenant appui principalement sur l’édition princeps de 1505 à laquelle s’ajoute la consultation de l’édition vénitienne de 1518 et des éditions récentes de Joannes Oeschger (1948) et de Liliana Monti Sabia (choix de poèmes dans l’anthologie Poeti latini del Quattrocento en 1964). Ainsi le lecteur dispose-t-il d’un texte fiable dont les choix de ponctuation et les orthographica sont harmonisés de façon claire et cohérente. La traduction, en regard, suit la mise en vers du modèle latin, rendant hommage au talent de Pontano. Ce deuxième volume des poèmes de Pontano comble avec bonheur un manque important de notre bibliothèque humaniste.

Laurence Boulègue (UPJV)

Cette recension a été publiée dans le Bulletin de liaison n°17 (2019) de la SEMEN-L (p. 44).